Mort de Jacques Chirac : Le destin politique du « bulldozer » en dix vidéos
DISPARITION•L'ancien président de la République, décédé ce jeudi, a un parcours unique dans l'histoire politique françaiseJournaliste afp
Il aurait eu 87 ans le 29 novembre. Né en 1932 à Paris, s’est éteint ce jeudi. Retour en vidéos, dans les archives de l’INA, sur une carrière politique hors norme - deux fois président de la République, deux fois Premier ministre, 18 ans maire de Paris -, jalonnée de changements de positions et de décisions étonnantes qui ont permis cette longévité.
Le « bulldozer » Chirac
En 1965, ce gaulliste pragmatique, formé à Sciences Po et à l’ENA, est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole en Corrèze. Son premier poste politique dans un département de vieille tradition radicale dont il fait un fief, qu’il représentera à l’Assemblée de 1967 à 1995.
Considéré comme un « jeune loup » et surnommé le « bulldozer » par Georges Pompidou, il est nommé en 1967 secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires sociales. Il ne s’arrêtera plus.
Rapidement, il enchaîne les hautes fonctions : ministre sans interruption de 1967 à 1974, puis une première fois chef du gouvernement sous Valéry Giscard d’Estaing de 1974 à 1976.
En conflit avec Giscard, n’acceptant pas d’être « l’huissier de la présidence », Jacques Chirac choisit de quitter Matignon à l’été 1976, remplacé par Raymond Barre. Quelques mois plus tard, en décembre, il fonde le Rassemblement pour la République (RPR), dont il est élu président.
La mairie de Paris comme bastion
Trois mois plus tard, son ascension politique prend un tournant décisif : en mars 1977, il devient le premier maire de Paris depuis Jules Ferry en 1871. Il le restera jusqu’en 1995.
La prise de la mairie de Paris lui permettra, malgré quelques difficultés, de s’imposer comme le chef de file de la droite gaulliste. Une première fois candidat à l’élection présidentielle en 1981, il retente sa chance en 1988 et atteint le second tour face à François Mitterrand, alors qu’il est depuis deux ans le Premier ministre d’un gouvernement de cohabitation. Le débat de l’entre-deux tours 1988 a donné lieu à une passe d’armes fameuse entre le président socialiste et Jacques Chirac, symbolique de leur relation.
L’homme de la « fracture sociale »
Finalement, il atteindra son objectif en 1995, alors qu’il n’était pas favori, après une campagne menée sur le thème de la « fracture sociale », thème que l’on retrouve dans son discours victorieux après l’annonce du résultat du second tour face à Lionel Jospin : « De nouveau, naîtra dans notre pays l’espoir de l’ascension sociale ; de nouveau, le progrès sera attendu et l’avenir désiré ; de nouveau, la patrie des droits de l’homme rayonnera dans le monde et, de nouveau, la France sera le moteur de l’Union européenne, gage de paix et de prospérité pour notre continent. »
Après deux ans d’exercice du pouvoir, Jacques Chirac tente un pari soufflé par le secrétaire général de l’Elysée Dominique De Villepin : face à l’impopularité du gouvernement d’Alain Juppé, il dissout une Assemblée nationale dont il a pourtant la majorité.
En 2002, pas plus favori qu’en 1995, Jacques Chirac trouvera quand même le moyen d’être réélu pour cinq ans. Pour cela, il doit « affronter » l’invité surprise du second tour de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen. Mais le combat de l’entre-deux tours n’aura pas lieu, le président sortant refusant de débattre à la télévision avec le représentant du Front national.
Cinq ans plus tard, il quitte l’Elysée « sans nostalgie », laissant la place à son successeur à droite, Nicolas Sarkozy, le seul dont il n’a pas réussi à freiner l’ascension, et dont il disait en 2004 .