Présidentielle: Comment les associations, mouvements et lobbys veulent imposer leur agenda aux candidats
POLITIQUE•Les groupements d’intérêts privés pressent les candidats à la présidentielle de s’engager…Temps de présidentielle, printemps des revendications. A sept mois de la présidentielle, les groupements d’intérêts particuliers turbinent leurs revendications en direction des prétendants à l’Elysée, sous forme de « », « », « », « » et autre « ». Ce mardi, cinq associations* de start-up et entrepreneurs du numérique organisent à Paris un grand oral des candidats à la primaire à droite à propos de leur « agenda plein-emploi », juste avant que la (CGE) ne rende jeudi ses « propositions pour l’enseignement supérieur ». Autant de documents s’inspirant du « » de Nicolas Hulot en 2007, alors adopté par cinq candidats à l’Elysée.
Le dispositif et les objectifs de ces organisations sont assez simples. Celles-ci formulent puis soumettent leurs revendications au candidat, le pressent de répondre et de s’engager. S’il s’y intéresse et répond favorablement à leurs propositions, il pourrait se voir accorder l’approbation de ce groupement, ce qui peut convaincre de futurs électeurs. Les propositions mises sur la place publique peuvent aussi alimenter le programme du candidat, faire vivre la campagne et apporter une visibilité aux thèmes défendus par tel ou tel mouvement.
« Le problème est le temps »
Dans l’optique de 2017, les consultations des candidats par ces groupements d’intérêts particuliers ont commencé dès ce mois de septembre. Jacques Chanut, président de la , va rencontrer en octobre François Fillon, Bruno Le Maire, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, candidats à la primaire à droite. Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous, a rencontré dès le 13 septembre les élus Marion Maréchal-Le Pen (FN) et Bruno Retailleau (Les Républicains). L’association qui œuvre notamment pour l’abrogation du mariage homosexuel requiert « la cohérence entre les engagements et les actes » des élus rencontrés, souligne sa présidente.
Car le problème principal, pour ces différents groupements, est l’incohérence entre les promesses des candidats et les actes des élus. « Ils s’en foutent », résume Yves Verilhac, directeur général de la(LPO). « L’écoute était bonne pendant la campagne… puis on a perdu deux ans avant que les choses n’évoluent favorablement pour le secteur », confirme Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment. « Les politiques peuvent formuler des promesses intéressantes pendant les campagnes, mais s’en désintéressent dès le lendemain de l’élection », déplore également le vice-président de la (FNAUT), Jean Sivardière. Militant depuis 40 ans, l’homme remarque : « Le problème est le temps. Ces élus raisonnent en termes de cinq à sept ans, aiment faire les inaugurations… alors qu’il faut par exemple dix ans pour mettre en place un projet d’infrastructure de transport ». Un commentaire qui s’applique à de nombreux domaines d’action.
Site internet, réseaux sociaux, grand oral
Comment faire pour changer cette situation ? A chacun sa méthode. La Fédération française du bâtiment ne soumettra pas en 2017 de charte « à signer avec la main sur le cœur », souligne Jacques Chanut. Cinq grandes revendications vont être adressées aux candidats invités à répondre, lors de grandes réunions, aux questions des 50.000 adhérents du réseau.
Après l’échec de sa charte, la Manif pour tous va lancer un site Internet recensant les propositions des candidats à la présidentielle de 2017. L’internaute pourra y repérer les promesses des uns et des autres dans les domaines de la famille ou de l’adoption. La Fédération nationale des associations d’usagers des transports devrait, elle, formuler une grande charte adressée aux candidats.
Quant à la LPO, rien n’est encore arrêté. Le lancement d’un manifeste, comme en n’a pas la préférence du directeur général de l’association. « Je ne suis pas sûr de vouloir continuer [l’exercice]. Mais c’est le conseil d’administration de la LPO qui décidera », explique Yves Verilhac. Une lassitude liée au fait qu' « une partie de la droite tire aujourd’hui à et que les questions concernant l’écologie ne sont pas audibles dans le débat présidentiel. » La LPO pourrait privilégier une communication axée sur les réseaux sociaux, souligne le directeur général : « Notre but n’est pas de donner des consignes de vote. On poste des articles, on en parle entre nous. Le débat peut être sur ces réseaux. » Une manière de contourner l’exercice d’une « charte » ou d’un « questionnaire » qui a révélé ses limites.
*L’Association pour le commerce et les services en ligne (ACSEL), CroissancePlus, France Biotech, France Digitale, et le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI).