POLITIQUEMacron est-il vraiment le Brutus de Hollande?

Macron est-il le Brutus de Hollande? On a comparé l’histoire des deux hommes

POLITIQUEPlusieurs personnalités politiques ont comparé l'ancien ministre au sénateur romain...
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L’histoire, dit-on, est un perpétuel recommencement. Mardi, Emmanuel Macron a démissionné du gouvernement pour mieux préparer, peut-être, .

« C’est un vrai coup de couteau dans le dos de Hollande. Ce soir, Macron fait du Brutus », a réagi le député PS Philippe Doucet sur BFM TV. « Tuer le père est un grand classique du jeu politique », a ajouté Anne Hidalgo. « Brutus au sabre de bois », a critiqué, à droite, Luc Chatel. Eduardo Rihan Cypel est allé jusqu’à tweeter une citation de Brutus, dans le César de Shakespeare.

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Macron a-t-il vraiment des points communs avec le sénateur romain ? 20 Minutes s’est amusé à comparer les deux hommes, avec l’aide de Jean-Michel David, professeur émérite d’Histoire romaine à l’Université Paris 1, auteur de La République romaine (Points).

Brillant parcours et loyauté à César

Marcus Junius Brutus est le fils d’un autre Brutus et de Servilia. Jeune, il s’intéresse particulièrement à la philosophie de Platon. « Il appartient à l’aristocratie la plus huppée de Rome. Il suit une carrière classique de la noblesse de l’époque », avance Jean-Michel David. Dans , le jeune Brutus embrasse la cause du premier.

« Après la défaite de Pompée, César lui pardonne malgré tout. Il faut dire que sa mère, Servilia, était une de ses maîtresses. Il y a des liens très forts entre les deux hommes, une amitié politique », note l’historien. Grâce à son mentor, Brutus grimpe les échelons. Il est nommé gouverneur de la Gaule cisalpine, puis préteur urbain, « l’une des magistratures les plus élevées de l’époque ».

a un parcours tout aussi brillant. Fils d’un couple de médecin, il suit la voie royale de l’élite administrative française : lycée Henri IV, Sciences-Pô Paris, ENA (2004 promotion Senghor), puis rejoint l’inspection des Finances. Le jeune homme obtient également un DEA en philosophie. C’est Jacques Attali qui le présentera .

L’ancien banquier d’affaires doit sa fulgurante ascension politique au chef de l’Etat. Ce dernier le nomme en mai 2012 secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis ministre de l’Economie, en août 2014. « C’est entre nous, non pas simplement une question de hiérarchie – il sait ce qu’il me doit - mais une question de loyauté personnelle et politique », .

L’assassinat du père

En 44 av. J.-C., Jules César accumule de plus en plus de pouvoir. « Brutus appartient à cette aristocratie qui tient à l’égalité entre les grandes familles. Ce qui lui est insupportable, c’est que César mette en place une monarchie de fait, leur enlevant toute autonomie », rappelle l’historien. Les conjurés assassinent César pour préserver la République aristocratique. « Ce n’est pas que j’aimasse moins César, mais j’aimais Rome davantage », lâche au peuple romain le .

C’est , qui est mis en avant par Emmanuel Macron pour expliquer sa démission. Celle-ci est vécue comme « un coup de poignard » par les partisans de François Hollande. Pendant plusieurs mois, le ministre de l’Economie a mené sa barque depuis Bercy, préparant le lancement de son mouvement En Marche, et peut-être, une candidature pour 2017. « Il m’a trahi avec méthode », soufflait le chef de l’Etat mardi, selon le

Dénouement tragique ?

Pour Brutus, la fin de l’histoire est tragique. « Les conjurés n’avaient pas prévu la suite des événements. Ils imaginaient qu’en tuant César, la République traditionnelle serait rétablie », explique l’historien. Mais voilà, le vainqueur des Gaules a des partisans puissants, déterminés à poursuivre sa politique. « Des soldats vétérans de César, à qui on avait promis des terres dans les colonies, mais aussi des membres puissants de l’aristocratie », insiste le chercheur. La guerre civile éclate. Le camp de Brutus est défait. En 43 av. J.-C., le sénateur est contraint au suicide.

Quelle fin pour Emmanuel Macron ? « Je suis déterminé à tout faire pour que nos valeurs, nos idées, notre action, puissent transformer la France dès l’année prochaine », a-t-il indiqué mardi soir. Ses proches espèrent que les bons sondages suffiront à imposer sa candidature. « Quand on traite Macron de Brutus aujourd’hui, c’est l’image du traître plus que le personnage historique qu’on veut lui coller », s’amuse l’historien. On souhaite à l’ancien ministre de ne pas avoir signé, avec cette démission, son suicide politique.