PRIMAIREPrimaire à gauche : Pour quoi faire?

Une primaire à gauche et beaucoup d'interrogations

PRIMAIREPour la première fois sous la Ve République, un président sortant sera sans doute soumis à une primaire...
William Pereira

William Pereira

C’est une première sous la Ve République. Un président sortant sera a priori soumis à des primaires avant de pouvoir se porter candidat à sa propre succession. À moins d’un an de la présidentielle, le parlement des socialistes a approuvé samedi « à l’unanimité » une résolution affirmant que le PS organisera une primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire et (à) tous ceux qui soutiendraient la démarche, faute d’un accord avec le PCF ainsi qu’EELV. Une primaire à gauche, mais pas pour toute la gauche, qui pose plusieurs questions, auxquelles 20 Minutes tente de répondre.

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Un coup de poker de François Hollande ?

La pré-élection de gauche peut aussi bien nuire au président sortant que lui être bénéfique. Lui nuire, car il part de très loin – un récent sondage démontrait que seuls 7 % de Français souhaitaient voir François Hollande se représenter en 2017 -, et lui être bénéfique, car cette primaire lui donnerait l’occasion de justifier ses positions dans un cadre avantageux du point de vue médiatique. « Sa candidature à la présidentielle aura plus d’écho étant donné qu’il participera à des primaires avant d’entrer éventuellement en campagne [pour 2017] », analyse l’universitaire Roland Cayrol.

Virginie Martin, politologue et présidente du Think Thank Different, pense à l’inverse que le président de la République « accepte cette primaire par dépit » en raison de « la menace d’une deuxième candidature au PS en parallèle », explique-t-elle.

Un risque de morcellement de la gauche ?

L’autre but avéré de cette primaire est de fédérer l’aile gauche derrière un seul candidat afin d’éviter de revivre le cauchemar du 21 avril 2002, que les spécialistes avaient alors mis sur le dos du morcellement de la gauche. Le hic, c’est que rien ne garantit que l’initiative du PS suffira à freiner une déstructuration de la gauche déjà bien engagée. Jean-Luc Mélenchon, qui ferait un meilleur score au premier tour de la présidentielle que le président sortant aux dernières nouvelles, fait bien entendu l’impasse sur la pré-élection organisée à gauche. Et il en sera de même pour Nicolas Hulot si ce dernier se présente. Pour Roland Cayrol, c’est sûr, cette primaire « laisse entier le problème du morcellement de la gauche qui se vérifiera au premier tour de la présidentielle », précisant que « même si François Hollande bénéficie du soutien du PS, les voix additionnées des petits partis auront leur importance. »

Qui se présentera à la primaire ?

Outre François Hollande, dont la participation ne laisse que peu de doutes, cette primaire pourrait rapidement se transformer en portes ouvertes à une multitude de candidatures, faute de leader capable de fédérer. Ainsi, entre Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, François de Rugy, Gérard Filoche, particulièrement critique envers le gouvernement actuel, ou bien les revenchardes Martine Aubry et Christiane Taubira, on risque d’assister à une cascade de candidatures. « Il va se passer la même chose qu’à droite, à savoir que tout le monde ou presque se présentera après avoir participé à trois plateaux TV. Tout le monde va essayer de se faire remarquer pour exister », tacle Virginie Martin.

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Emmanuel Macron et Manuel Valls piégés ?

L’équation de gauche comporte deux dernières inconnues : Emmanuel Macron et Manuel Valls, pointés comme les deux plus grands rivaux de François Hollande, et a priori piégés par la manœuvre orchestrée par le Parti Socialiste. « En tant que Premier ministre, Manuel Valls se retrouve dans une posture délicate. Est-il vraiment en mesure d’être candidat ? Est-ce qu’il soutiendra le président ? », s’interroge la présidente du Think Thank Different. Pour Roland Cayrol, il ne fait aucun doute que Manuel Valls et Emmanuel Macron « ne pourront pas se présenter à la primaire si François Hollande s’y porte candidat. » Car en plus de tenir un rôle important dans le gouvernement de ce dernier, ils ont affaire à un candidat sans doute trop fort pour eux. « Les sondages donnent François Hollande gagnant face à Manuel Valls, face à Arnaud Montebourg et les autres à gauche. Il a confiance en son statut de président », conclut l’universitaire.