VIDEO. A Orléans, Emmanuel Macron cultive encore l'ambiguïté
GOUVERNEMENT•Le ministre de l'Economie, venu parler de Jeanne d'Arc a multiplié les références à sa trajectoire politique personnelle...N.Beu. avec AFP
Ceux qui aiment voir, depuis quelques semaines, un sens caché aux phrases d’Emmanuel Macron ont été servis ce dimanche. Venu à Orléans prononcer un discours à l’occasion des fêtes de Jeanne d’Arc, le ministre de l’Economie a une nouvelle fois réussi à parler de lui en parsemant son intervention de références à sa propre trajectoire. Malgré sa promesse de tenir « un discours d’histoire, de mémoire, ni plus ni moins ».
Dans une intervention d’une quinzaine de minutes, Emmanuel Macron a rendu hommage à une figure héroïque de l’histoire de France qui a « fendu le système » et « a su rassembler la France ». S’il a dit « ne pas croire » dans l’homme ou la femme providentielle, le fondateur du mouvement politique En Marche a salué celle qui a provoqué la fin de la guerre de Cent Ans, qui déchirait la France face à l’Angleterre, dans un interminable conflit de succession.
« Comme une flèche (…) sa trajectoire est nette, Jeanne fend le système, elle brusque l’injustice qui devait l’enfermer », a déclaré Macron. « Jeanne se fraye un chemin jusqu’au roi, c’est une femme mais elle prend la tête d’un groupe armé et s’oppose aux chefs de guerre (…) Elle était un rêve fou, elle s’impose comme une évidence », a lancé l’ex-banquier devenu conseiller du président François Hollande, puis ministre, devant plusieurs centaines de personnes réunies au pied de la cathédrale d’Orléans pour les 587es fêtes johanniques.
« Nous n'appartenons pas au même bord, paraît-il »
Jeanne « est dans cette France déchirée, coupée en deux, agitée par une guerre sans fin qui l’oppose au royaume d’Angleterre. Elle a su rassembler la France pour la défendre, dans un mouvement que rien n’imposait. Tant d’autres s’étaient habitués à cette guerre qu’ils avaient toujours connue. Elle a rassemblé des soldats de toutes origines. Et alors même que la France n’y croyait pas, se divisait contre elle-même, elle a eu l’intuition de son unité, de son rassemblement », a salué celui dont le mouvement n’est « ni à droite ni à gauche ».
Sur cette question du clivage politique traditionnel, justement, le ministre de l’Economie s’est adressé au maire LR (Les Républicains) d’Orléans, Olivier Carré : « Nous n’appartenons pas au même bord politique, paraît-il ? Notre vision de la France nous oppose-t-elle pour autant ? Je ne crois pas. […] Nous savons qu’à certains moments de l’histoire, il faut savoir rassembler les énergies. »
Ce discours était-il celui d'un ministre de l'Economie ou d'un candidat à la présidentielle ? Pour nombre de journalistes politiques, la plupart présents sur place, la réponse ne faisait guère de doute.