POLITIQUEJean-Marie Le Pen célèbre son 1er mai avec «une poignée» de fidèles

FN: Jean-Marie Le Pen célèbre son 1er mai avec «une poignée» de fidèles désenchantés

POLITIQUEExclu du Front national, le cofondateur du parti Jean-Marie Le Pen a organisé son rassemblement place des Pyramides ce dimanche 1er mai, en hommage à Jeanne d'Arc...
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Jeanne d’Arc pour toujours et contre tous. Place des Pyramides à Paris, environ 500 fidèles sont venus écouter ce dimanche matin Jean-Marie Le Pen devant une estrade ceinturée de barrières. L’ancien dirigeant frontiste, exclu du parti en août 2015, rend hommage à la pucelle d’Orléans avec ses fidèles. Parmi eux, figurent les « historiques » Bruno Gollnisch, Marie-Christine Arnautu, par ailleurs vice-présidente du parti, et Mireille d’Ornano. Ces députés européens risquent d’ailleurs des sanctions de la part du parti d’extrême droite pour avoir rejoint le rassemblement de l'ancien dirigeant.

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Comme les autres années, dans l’assemblée, il y a bien les drapeaux, la distribution des publications d’extrême droite Rivarol et Action française, des ventes d’ouvrages « antisystème » ou des tracts pour l’association catholique intégriste Civitas.

Il y a aussi le look de certains jeunes radicaux, tête rasée, lunettes noires assorties à leurs vestes sombres. Il y a aussi quelques insultes en direction des journalistes. Quant au discours du « Menhir », il ressemble à celui des années précédentes, traçant une situation socio-économique apocalyptique menacée par le « danger mortel » que représenterait l’immigration. Et comme souvent, les militants louent la « fidélité » au « vieux » pour mieux dénoncer « la trahison de Marine Le Pen, successeur illégitime de Jean-Marie Le Pen », comme le précise Jérôme Bourbon, directeur de l’hebdomadaire Rivarol.

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« Interdire quelque chose n’est pas dans notre ADN »

Mais, à la différence des autres années, le cœur n’est pas vraiment à la fête place des Pyramides. L’espoir d’une victoire de « l’opposition nationale » ne semble plus au bout du tunnel de ténèbres constituées, entre autres, par l’alliance de l’« UMPS ». L’amertume pointe dans le discours du vibrionnant chef de 87 ans.

Dans un silence de plomb, Jean-Marie Le Pen dénonce l’erreur de la « dédiabolisation » du FN lancée par sa fille Marine, comparée à « un calcul de naïf, de sot ou de traître ». Selon lui, cette stratégie, couplée à la «désunion», mènera la candidate frontiste à l’échec en 2017. « La présidente du FN sera battue au deuxième tour et peut-être même au premier [tour de la présidentielle] », assène-t-il, avant d’appeler à rejoindre les derniers-nés « Comités Jeanne, au secours ! »

Si quelques jeunes, béret rouge vissés sur la terre, entonnent des chants militaires avec des voix de stentor, la déprime pointe chez certains. « Ce dimanche, devant une assemblée restreinte, c’est une terrible déception de voir que nous ne sommes qu’une poignée », souligne le polémiste Patrick Gofman, qui propose à la vente l’un de ses ouvrages consacré à Hillary Clinton.

De son côté, Farid Smahi, qui vend des portraits de Jean-Marie Le Pen revisité en forban, se dit lui aussi déçu. L’ex-conseiller régional d’Ile-de-France FN qui se qualifie d’ancien « Arabe de service du FN » n’évoque pourtant pas le public réduit : « Comme toujours j’ai aimé le discours de Jean-Marie Le Pen, mais il manquait quelque chose de fondamental, la déchéance de la binationalité. Ne pas accorder la nationalité française aux intégristes musulmans est mon grand combat. »

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Philippe Chevrier, secrétaire départemental du Front National dans les Yvelines et compagnon de Marie-Christine Arnautu, regrette quant à lui qu’« en venant ici, on est prié de s’abstenir d’aller rejoindre la présidente du FN à la Villette [dans le nord-est de Paris, et où se tient un banquet organisé par la direction du FN] ». « Pour un parti qui milite pour la liberté, interdire quelque chose n’est pas dans notre ADN », déplore le conseiller régional d’Ile-de-France. Quant à l’annonce de l’échec du FN en 2017 annoncé par Jean-Marie Le Pen, Philippe Chevrier précise que ces paroles sont motivées par « l’amertume, que je comprends, qu’a un père pour sa fille ». Une histoire politique et familiale toujours irrésolue.