«En marche»: Le mouvement transpartisan de Macron séduit la droite et agace la gauche
REACTIONS•Jean-Pierre Raffarin est même aller jusqu’à l’imaginer en Premier ministre d’Alain Juppé…20 Minutes avec AFP
Emmanuel Macron s’est donc mis « En marche ». Après le lancement par le ministre de l’Economie d’un mouvement « ni à droite, ni à gauche », force est de constater que la droite semblait emballée ce jeudi, contrairement à une gauche à la mine boudeuse.
Jean-Pierre Raffarin est même aller jusqu’à l’imaginer en Premier ministre d’Alain Juppé, tandis que la gauche affiche quant à elle sa prudence, voire son hostilité.
Jean-Pierre Raffarin conquis
« Le meilleur Premier ministre d’un président de droite modérée, ce serait Emmanuel Macron », a déclaré Jean-Pierre Raffarin, soutien d’Alain Juppé pour 2017, lors d’une conférence à l’European Business School, rapporte cette semaine l’hebdomadaire Le Point.
L’enthousiasme de l’ancien Premier ministre n’était pas retombé ce jeudi matin, au lendemain du lancement par Emmanuel Macron de son mouvement politique lors d’une réunion publique à Amiens. « Il n’y a pas d’incompatibilité entre les sensibilités, les deux tempéraments, les deux cultures, je trouve. Qu’il y ait, dans l’avenir, des partenariats, je ne sais sous quelle forme, ça ne me paraît pas impossible », a-t-il ajouté sur France 2.
La droite prête à ouvrir les bras à Macron ?
Alain Juppé lui-même avait évoqué le cas Macron le 17 février. « Il vaut mieux être dans un gouvernement de droite que dans un gouvernement de gauche pour faire valoir des idées de droite », avait-il glissé.
Même constat jeudi matin, mais avec une pointe d’agacement supplémentaire, du centriste Jean-Christophe Lagarde. « Emmanuel Macron me semble parfaitement compatible avec l’UDI. Mais il se trouve coincé dans un paradoxe : à chaque fois qu’il dit quelque chose d’intéressant, son gouvernement lui dit de la fermer », a lancé le patron du parti centriste qui voit le ministre de l’Économie investir son terrain.
Pierre Gattaz, le président du Medef, a lui assuré : « J’aime bien l’initiative d’Emmanuel Macron. Je trouve que c’est rafraîchissant, que ça permet de sortir de la politique politicienne ».
La gauche confiante, mais tout de même un peu méfiante
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui a souvent ferraillé avec Emmanuel Macron, ne semble pas lui assigner d’autre rôle. « S’il contribue à élargir la majorité, son apport est positif ». Mais « s’il veut changer le centre de gravité de la gauche, il fait fausse route », a-t-il averti dans Les Echos.
Selon l’Elysée, François Hollande était au courant de l’initiative politique de son ministre de l’Economie, 38 ans, qui fut son secrétaire général adjoint avant de rejoindre Bercy et n’a encore jamais sollicité de mandat électif. Le chef de l’Etat a « une grande confiance » en lui, et « tout ce qui participe du succès de l’exécutif et de la politique que nous menons va dans le bon sens ».
Mais même le député PS réformateur Christophe Caresche, soutien de l’exécutif, s’est montré circonspect. « Ce n’est pas en alignant des stratégies contradictoires qu’on peut construire une ligne cohérente », a-t-il déclaré.
« Les gens qui ont mis en panne tout le système et l’économie du pays et qui font un truc qui s’appelle "En Marche", ça me fait rire », a taclé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche). « Il y a une ambiance de révolution de palais que tout le monde sent. On ne sait pas très bien qui manœuvre pour qui dans cette histoire. Mais on voit bien qu’ils sont en pleine préparation de la campagne présidentielle de François Hollande et que chacun des importants a une pièce sur chaque case du damier », en cas de victoire ou de défaite du président sortant.