INTERVIEW«Les victimes de novembre ne veulent pas qu’on les oublie»

Attentats de novembre: «Les victimes veulent savoir ce que l’Etat fait contre le terrorisme»

INTERVIEWMichèle de Kerckhove, présidente d'une association d'aide aux victimes des attentats du 13 novembre, explique les enjeux du rendez-vous prévu ce lundi avec François Hollande...
W P

Propos recueillis par W P

Trois jours après l’arrestation de Salah Abdeslam en Belgique, François Hollande reçoit ce lundi des représentants d’associations d’aide aux victimes des attentats du 13 novembre. Parmi ces groupes, l’Institut national de veille et de médiation (Inavem), présidé par Michèle de Kerckhove. Avant la réunion qui se tiendra cet après-midi à l’Elysée, elle revient sur les attentes et les exigences des victimes.

Concrètement, qu’attendez-vous de cette réunion qui se tiendra à l’Elysée ?

Les attentes des victimes sont liées à la reconnaissance de l’Etat, qui a un peu tardé: elles ne veulent pas qu’on les oublie. Sur le déroulement de l’enquête, les victimes aimeraient savoir dans quelle mesure elles peuvent avoir accès à certaines informations liées à l’enquête. Il vient d’y avoir des arrestations et les victimes se demandent si elles pourront avoir accès aux interrogatoires. D’autre part, elles n’ont toujours pas accès aux autopsies. Ensuite, on insiste de notre côté sur le fait que ce genre d’informations ne peut pas être transmis sans intermédiaire aux victimes. C’est là que nous, associations, intervenons, pour éviter à des personnes déjà choquées de se retrouver face à des images qui pourraient une fois de plus les affecter.

Quels reproches feriez-vous à propos de la prise en charge actuelle des victimes par l’Etat ?

L’Etat avait imaginé un dispositif, la cellule interministérielle d’aide aux victimes, activée pour la première fois dès le lendemain des attentats du 13 novembre. Or cela posait des problèmes dans le sens où comme l'action des ministères n’était pas coordonnée, nous avons perdu beaucoup de temps à identifier les victimes. Certaines familles ont dû courir d’hôpitaux en hôpitaux au moment des attentats. Il faut trouver une coordination plus efficace, mais j’imagine qu’avec une secrétaire d’Etat se situant au niveau du Premier ministre, la transmission d’informations sera améliorée.

Comptez-vous évoquer la lutte antiterroriste menée par l’Etat ?

Oui, car les victimes ont besoin de savoir ce que l’Etat met en place pour lutter contre le terrorisme, pour minimiser le risque que ce genre de drame se reproduise. Evidemment, nous savons qu’entre janvier et novembre 2015, les forces de l’ordre n’ont pas baissé la garde, mais elles n’ont tout de même pas réussi à éviter les événements qui ont causé des milliers de victimes, je parle là du nombre de personnes qui sont passées par les hôpitaux à la suite des attentats, en plus des 130 personnes qui y ont perdu la vie.