Martine Aubry hausse le ton. Le Bureau national, l’instance dirigeante du PS, a eu lundi soir une longue et houleuse discussion sur le projet de loi sur la réforme du code du travail, marquée par l’intervention de Martine Aubry réclamant beaucoup de « modifications » du texte sans toutefois demander son retrait.

« Ce soir, il y a un parti qui veut améliorer les choses dans sa grande majorité, même s’il y a toujours des camarades qui estiment que pour faire mieux, il faudrait retirer le texte. Mais tout le monde est pour l’amélioration » du projet de loi, s’est félicité le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en rendant compte devant la presse des débats lors de la réunion.

Aubry monte au créneau

La maire de Lille, Martine Aubry, qui était montée en première ligne pour combattre ce projet de loi et dénoncer la politique gouvernementale des derniers mois dans une tribune au vitriol dans le Monde, n’a pas demandé le retrait pur et simple du projet de loi, à l’inverse de plusieurs députés PS frondeurs comme Christian Paul et Laurent Baumel.

« Martine Aubry, elle n’a pas été très loin de demander le retrait du texte. Elle a indiqué qu’une réécriture totale était nécessaire. Ce n’est pas très différent », a commenté Laurent Baumel, essayant de faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Interrogée par la presse à sa sortie sur le fait de savoir si elle demandait le retrait du projet de loi, qu’elle a qualifié d'« extrêmement dangereux », Aubry a répondu « non ». Mais « il y a beaucoup, beaucoup de choses à modifier, on ne peut pas se contenter de trois petites modifications », a-t-elle ajouté, après avoir présenté « beaucoup de propositions » au Bureau national.

« Esprit constructif », selon El Khomri

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui assistait à la réunion du Bureau national, a retenu aussi des travaux de la réunion que « la grande majorité a envie d’avancer en apportant des améliorations » au texte. « Nous allons continuer à travailler dans cet esprit constructif », a-t-elle ajouté.

« Certains souhaitent finalement rentrer dans la discussion même quand ils ont contesté le texte », s’est félicité Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, en faisant allusion à Martine Aubry. « Je pense que ce texte (…) aboutira. Il y aura des modifications (…) Nous aurons un texte en Conseil des ministres qui sera forcément différent du texte envoyé en Conseil d’Etat », a-t-il ajouté. « Très majoritairement, l’idée de travailler sur ce texte, d’en valoriser les opportunités s’impose et le conservatisme n’est pas une solution », a encore dit le secrétaire d’Etat.