POLITIQUEVIDEO. Remaniement ministériel: François Hollande tente d'élargir son assise politique

VIDEO. Remaniement ministériel: François Hollande tente d'élargir son assise politique

POLITIQUELe nouveau gouvernement «arc-en-ciel» présenté ce jeudi souffre de l'absence de personnalités d'envergures…
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Jean-Christophe Cambadélis est frappé de ravissement ce jeudi. Sur Twitter, le patron du PS commente le remaniement ministériel du jour : « Un gouvernement arc-en-ciel prenant en compte les sensibilités de la gauche et des écologistes. Élargissement de l’assise gouvernementale ». Sans les nommer, le patron du PS se félicite des nominations des écologistes Emmanuelle Cosse, Barbara Pompili et Jean-Vincent Placé, ou encore du radical de gauche Jean-Michel Baylet.

A dix-sept mois de l’élection présidentielle, et alors que la gauche est profondément divisée, l’élargissement de la majorité présidentielle apparaît comme le seul pari gagnant pour François Hollande. « A l’approche de 2017, le chef de l’Etat tente de montrer à l’opinion qu’il peut encore changer la coloration du gouvernement et apporter de nouvelles sensibilités à son équipe », souligne Yves-Marine Cann, directeur des études politiques d’Elabe.

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« Mais François Hollande dispose de moyens limités. Il est en fin de mandat et l’exécutif est marqué par une impopularité qui frise le record de l’automne 2014, ajoute le sondeur. « Celle-ci est due au débat la déchéance de la nationalité et l’incapacité à changer la donne économique, et plus particulièrement l’inversersion de la courbe du chômage », ajoute Yves-Marie Cann.

Les poids lourds manquent à l’appel

Cette tentative d’élargissement de la majorité souffre par ailleurs de l’absence de poids lourds dans ce nouveau gouvernement. Aucune personnalité de premier plan incarnant une ligne différente de celle de François Hollande n’a accepté de rentrer au gouvernement, remarque le politologue Thomas Guénolé : « Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Nicolas Hulot, Cécile Duflot, une personnalité du type Jean-Luc Mélenchon, ils ont tous décliné une place au gouvernement », liste-t-il.

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« Alors que le naufrage électoral de la gauche est annoncé pour 2017, ceux qui ont été nommés aujourd’hui sont soit des fidèles qui se préparent à la défaite, soit des inconnus qui ont eu la chance de leur vie d’entrer dans un gouvernement », ajoute Thomas Guénolé.

Parole publique phagocytée par la campagne présidentielle

La pseudo-diversité partisane du nouveau gouvernement ne pourrait qu’être un affichage politique sitôt oublié, continue le politologue, car personne n’apparaîtrait capable de retenir l’attention. « Qui connaît Ericka Bareigts ? Jean-Michel Baylet, ou même Emmanuelle Cosse ? Dans quelle mesure pourraient-ils s’exprimer et incarner quelque chose ? », s’interroge-t-il.

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Car le temps presse pour la majorité, avec l’élection présidentielle qui va bientôt phagocyter le débat public et l’action gouvernementale. « Il ne reste que trois quatre mois d’utiles pour le gouvernement », abonde Yves-Marie Cann. Avant de prédire : « Dès la rentrée de septembre, avec la primaire à droite, la campagne pour la présidentielle sera lancée. Le gouvernement ne sera plus capable d’être audible durant cette période ». Au sommet de l’Etat, les calculs apparaissent bien compliqués.