LITTÉRATURE POLITIQUELes secrets de fabrication du livre de Christiane Taubira

Les secrets de fabrication du livre de Christiane Taubira

LITTÉRATURE POLITIQUEL'ouvrage de l’ancienne ministre de la justice sera mis en vente ce mardi 2 février…
Hélène Sergent

H.S. avec AFP

Moins d’une semaine après l’annonce de sa démission, l’ex ministre de la Justice, Christiane Taubira, publie mardi 2 février Murmures à la jeunesse, un réquisitoire contre la déchéance de nationalité. L’essai, édité par Philippe Rey, est resté secret jusqu’au bout. Pour y parvenir, l’éditeur de l’ancienne Garde des Sceaux, a choisi d’imprimer les 96 pages en Espagne et de présenter l’ouvrage « sous X » aux librairies.

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« Elle m’a contacté vers le 10 janvier pour me dire qu’elle avait écrit un court texte d’une centaine de pages et qu’elle souhaitait le publier fin janvier, avant l’ouverture du débat à l’Assemblée sur la déchéance de nationalité. Elle nous a aussi demandé la plus grande confidentialité », a raconté à l’AFP Philippe Rey, qui avait noué de « très bonnes relations » avec la ministre à l’occasion de la réédition l’an dernier de son livre « L’esclavage raconté à ma fille ».

Des agents du renseignement en lien avec les éditeurs

S’il existe des similitudes de fabrication avec le livre de l’ex compagne du Président, Valérie Trierweiler, notamment le choix d’un imprimeur étranger, Christiane Taubira a, elle, tenu à informer François Hollande de sa démarche. Le 23 janvier, alors que son essai est déjà imprimé et tiré dans un premier temps à 45.000 exemplaires, les épreuves de Murmures à la jeunesse sont présentées au chef de l’Etat.

« Paroles d’une femme de conviction, paroles d’une femme libre.@ChTaubira pic.twitter.com/ynqRDmnGzJ — EditionsPhilippeRey (@EdPhilippeRey) January 31, 2016 »

L’éditeur a fait le choix d’imprimer les 96 pages en Espagne, parce qu’il y aurait « des agents du renseignement en lien avec pas mal d’imprimeurs français », assure-t-il. Le livre a été acheminé le 28 janvier en France « sous un film opaque ». Pour éviter les fuites lors de la mise en place des exemplaires en librairies, l’éditeur a proposé l’ouvrage aux libraires « sous X, sans révéler ni l’auteur, ni le contenu ».

« Ds sa postface #Taubira rend hommage à la gestion post-attentat de #Hollande. Pas d’attaques contre lui. @ParisMatch — Mariana Grépinet (@MarianaGrepinet) February 1, 2016 »

« Les libraires ont bien joué le jeu car ils savent que nous ne sommes pas coutumiers du fait et que donc, c’était important », souligne Philippe Rey, qui regrette seulement que le mystère ait été éventé 12 heures trop tôt, par France 2 dimanche soir.

Un schéma classique mais un délai exceptionnel

Pour Luce Perrot, Présidente de l’association Lire la Politique, ce n’est pas tant le procédé de fabrication du livre qui interpelle mais le délai dans lequel il a été réalisé : « Faire le bilan de son action est quelque chose de relativement classique en politique, mais là c’est la rapidité avec laquelle elle a rédigé son texte qui surprend. Je crois que c’est la première fois qu’un ministre démissionnaire publie si rapidement un ouvrage ». Contacté le 10 janvier par la ministre, l’éditeur a reçu le bon à tirer (le texte définitif envoyé à l’imprimeur) huit jours plus tard.