POLITIQUELe «lapin-tambour» Sarkozy, Mitterrand «le Florentin»… Cinq politiques croqués par Philippe de Villiers

Le «lapin-tambour» Sarkozy, Mitterrand «le Florentin»… Cinq politiques croqués par Philippe de Villiers

POLITIQUEL’ancien élu retrace trente ans de vie politique dans une galerie de portraits au vitriol…
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

Un cocktail de bons mots saupoudré de dynamite. Philippe de Villiers retrace trente ans de vie politique dans Le moment est venu de dire ce que j’ai vu (1er octobre, Albin Michel 21,50 euros). Parfois avec humour, souvent au vitriol, l’ancien ministre, député et président de la Vendée évoque de nombreux politiques, de Giscard d’Estaing à François Hollande en passant par Nicolas Sarkozy. 20 Minutes revient sur cinq portraits croqués par le souverainiste, plusieurs fois candidat à la présidentielle

Jacques Chirac, « mousquetaire » sans convictions

Jeune énarque, Philippe de Villiers accompagne au milieu des années 1970 Jacques Chirac sur ses terres électorales en Corrèze. Il décrit un politique sans idées ni convictions, charmeur, qui « a la mobilité du hussard et la légèreté du mousquetaire ». « Il se droitise en semaine à Paris pour tourner [le président] Giscard sur sa droite » et « pester contre le péril socialo-communiste » et « se gauchise le week-end en Corrèze, où il règle au Ricard les cocos au zinc du café Poumier ».

François Mitterrand « le Florentin »

Secrétaire d’Etat « des tas de sables » à la Culture durant la première cohabitation (1986-1988), Philippe de Villiers côtoie alors François Mitterrand. Le président socialiste, « cynique déguisé en gourmet », est « un vrai Florentin qui sait manier le fer et l’ironie ». Lors d’une visite à Florence en 1987, il confie à de Villiers : « Vous me rappelez moi, quand j’étais jeune (…) Je suis de gauche parce que j’étais de droite. On n’aimait pas l’argent dans ma famille. Je suis resté, dans mon cœur, fils de vinaigrier » face aux « grands bourgeois cognacquiers ».

Charles Pasqua, adepte de l’anisette-saucisson-rosé

Rares sont ceux qui trouvent grâce aux yeux de Philippe de Villiers, mais Charles Pasqua fait partie de ceux-là. Après une série d’intimidation, les deux font campagne aux européennes de 1999. Ils s’assemblent bien, ce qui fait dire à Pasqua : « Nous sommes complémentaires. Lui [de Villiers] fait les sorties de messe et moi les sorties d’usine. Lui c’est l’eau bénite et moi l’anisette ». Après chaque meeting, Charles Pasqua le bon vivant sort un saucisson corse et du vin rosé. « C’est du vin de mon pays. Je le préfère à tous les bordeaux de la terre. Je les laisse à ce radin de Juppé qui ne boit que de l’eau du robinet. »

Nicolas Sarkozy, « le lapin-tambour Duracell »

Le portrait de l’ancien chef de l’Etat est ambivalent. Qualifié d’homme qui « trahit beaucoup moins qu’il n’est trahi », ce « compétiteur » digne du « lapin-tambour Duracell » semble être marqué par une faiblesse : « Il veut être simplement aimé ». « Pendant les campagnes présidentielles », « quand il se sent perdu, il hèle celui qu’il appelle "l’alchimiste", le docteur [Patrick] Buisson ». Cité par de Philippe de Villiers, Charles Pasqua estime à propos de Nicolas Sarkozy : « Chez Sarko, le cynisme n’est pas un défaut. C’est dans sa nature. »

Les secrets de François Fillon

Connaissant François Fillon depuis l’enfance, Philippe de Villiers garde des contacts avec ce « silencieux » à « la culture du secret ». En octobre 2008, le Premier ministre déplore les « humiliations » que lui fait subir Nicolas Sarkozy. Lors d’un déjeuner en novembre 2009, François Fillon lance : « C’est Sarko qui fera tomber Sarko. (…) Sarko répète toujours à propos de [Dominique de] Villepin : Il finira pendu par moi à un croc de boucher. Eh bien, moi, je te dis Philippe : Si ça continue, c’est Sarko qui finira à un croc de boucher. Et c’est la Justice qui l’accrochera. Elle sait tout ».