Officiellement, Arnaud Montebourg n’est plus un homme politique. Depuis son éviction du gouvernement Valls en août 2014, le socialiste s’est retiré de « la vie publique professionnelle ». Pourtant, la prise de parole de l’ancien ministre de l’Economie, dimanche, à Frangy-en-Bresse pourrait faire grincer des dents chez ses anciens collèges.

« Pas la rentrée politique d’Arnaud Montebourg »

« Il ne s’agit pas de la rentrée politique d’Arnaud Montebourg, mais d’une Fête de la Rose », coupe son amie Cécile Untermaier, député de la 4e circonscription de Saône-et-Loire. « Nous avons décidé cette année de l’ouvrir sur l’Europe en raison de l’actualité brûlante en Grèce ».

C’est donc le bouillonnant Yanis Varoufakis, ex-ministre des Finances grec qui est l’invité du rassemblement. « Un geste de solidarité envers le peuple grec et une réflexion à partir des observations d’un ancien ministre des Finances sur le fonctionnement de l’Eurogroupe », ajoute-t-elle. Ce choix correspond aux dernières sorties d’Arnaud Montebourg dans la presse, très critique envers la politique économique européenne.

« Une année bénéfique »

« Vous ne pouvez pas empêcher une personnalité comme Arnaud Montebourg, ancien ministre, qui a exercé trois mandats de député et une présidence de Conseil régional, de s’exprimer dans les médias quand on lui demande et de participer à une Fête dans son ancienne circonscription, lance Cécile Untermaier. Contrairement à beaucoup, il a trouvé un emploi et ne s’est pas raccroché aux branches comme un professionnel de la politique en récupérant un mandat ».

Le chantre de la « démondialisation » s’est mué en entrepreneur depuis son limogeage. Il est devenu vice-président de l’enseigne d’ameublement Habitat et a monté « Les équipes du Made in France », dont il est président actionnaire. « On ne peut parler d’un "retrait" politique, mais plutôt d’un arrêt provisoire. Arnaud Montebourg ne l’a pas subi, contrairement à ce que l’on pense, comme un échec, mais plutôt comme une "réorientation" », précise Arnaud Leroy, député PS des Français de l’étranger.

« Cette année reste donc pour lui bénéfique. Il souhaiterait de nouveau travailler à "la restructuration de la France" comme il entend le faire bientôt. S’investir de nouveau sur le champ politique fait partie de ses nouveaux objectifs », ajoute cet ancien proche.

« On sent chez lui comme une envie »

Aujourd’hui, Arnaud Montebourg hésiterait à revenir définitivement. « Le souvenir de sa démission doit sans doute le freiner. Il a plusieurs fois répété vouloir définitivement arrêter sa carrière politique, mais par moments on sent chez lui un regain d’énergie politique, comme une envie », assure Arnaud Leroy.

Une envie au sein du parti socialiste ? Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, lui a tendu la main, estimant qu’il devait « rester à bord » du PS. « C’est ce même bateau d’où il a été jeté par-dessus bord il y a un an qui souhaiterait aujourd’hui le conserver ? », s’interroge Arnaud Leroy. Avec Yanis Varoufakis et Arnaud Montebourg, le navire socialiste risque dimanche de tanguer.