Alain Juppé serait le favori pour 2017, Nicolas Sarkozy ne parviendrait pas à séduire l’électorat du FN, et François Hollande ne passerait pas le premier tour… Voici les principaux enseignements d’un sondage Ifop publié part RTL ce lundi. A moins de deux ans des élections présidentielles, Alain Juppé a le vent en poupe. Mais comment interpréter ces résultats ? Fréderic Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, répond à 20 Minutes…
Comment expliquez-vous le succès d’Alain Juppé ?
Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, Alain Juppé se présente et est perçu comme le digne héritier de Jacques Chirac, qui est aujourd’hui assez populaire auprès des Français. Mais surtout, il est parvenu à grappiller des voix de tous les camps politiques : par exemple, François Bayrou s’est dit prêt à se désister en faveur d’Alain Juppé. 31 % des électeurs de François Bayrou et 22 % de ceux de François Hollande déclarent qu’ils voteront pour Alain Juppé en 2017. Contrairement, par exemple, à Nicolas Sarkozy, qui n’a pas réussi à récupérer l’électorat du Front National (ce qui était son objectif), ni du PS, dont seuls 4 % se déclarent prêts à voter pour lui en 2017.
Cela signifie-t-il que l’élection est déjà jouée ?
Non, bien sûr que non. Rien n’est encore joué : c’est un sondage d’intentions de vote, à 21 mois des élections. Tout peut encore arriver. Toutefois, il donne à voir, aujourd’hui, les rapports de force et les tendances électorales qui se créent dans cette campagne présidentielle : une Marine Le Pen systématiquement qualifiée pour le second tour, des électeurs de gauche plus intéressés par Alain Juppé que par François Hollande, l’échec de la droitisation du discours de Sarkozy… Bref, l’offre électorale n’étant pas encore clairement connue, aucun résultat n’est prédictible ; mais on perçoit déjà les premiers enjeux électoraux auxquels les candidats vont devoir faire face.
Historiquement, être le favori des sondages à plusieurs mois d’une échéance est-ce un atout ?
Cela dépend complètement de ce qu’il peut se passer entre-temps. En 1987, on ne pouvait même pas imaginer que François Mitterrand puisse perdre, et il a été effectivement réélu. En 2012, on savait d’avance que Nicolas Sarkozy avait peu de chance d’être réélu. Par contre, si Raymond Barre, Edouard Balladur ou encore Ségolène Royal étaient bien placés dans les sondages un ou deux ans avant l’élection présidentielle à laquelle ils se sont respectivement présentés, ils ne la remporteront jamais. Le cas le plus emblématique reste celui de Dominique Strauss-Kahn : rappelons qu’il avait une excellente popularité avant les affaires qui l’ont forcé à se retirer de la course à l’Elysée.