Congrès PS: Le gouvernement en a-t-il vraiment fini avec les frondeurs?
POLITIQUE•La motion A de Jean-Christophe Cambadélis a recueilli 60 % des voix…Thibaut Le Gal
Au PS, on veut voir la vie en rose. A l’issue du vote des militants, tout le monde semblait ravi. Ceux arrivés en tête, à l’image de Jean-Christophe Cambadélis, premier signataire de la motion A, qui a obtenu la majorité absolue. Mais avec 29% des voix, les frondeurs ne sont pas en reste. Christian Paul et ses amis espèrent toujours peser sur l’orientation du parti. Décryptage.
Une victoire de la majorité
Un caillou de moins dans la chaussure de l’exécutif ? Avec la victoire de la motion A, François Hollande et Manuel Valls ont les coudées franches pour la fin du quinquennat. « C’est la victoire que nous attendions. Christian Paul et ses amis demandaient une clarification, là voilà: plus de 60 % ont validé la ligne du Président, du Premier ministre et du Premier secrétaire », s’est félicité Luc Carvounas, proche de Manuel Valls. « La ligne politique est élue démocratiquement. Elle sera sociale-démocrate pour les trois ans qui viennent. »
Du côté des frondeurs, on reconnaissait la défaite. A demi-mot. « Indiscutablement, on est confronté à un puissant réflexe légitimiste. Cela a conduit beaucoup de militants, pas loin de nos idées, à faire bloc car nous sommes au pouvoir », indiquait Laurent Baumel. « En même temps, nous avons pu défendre nos idées, et faisons un score correct. »
La fin de la fronde ?
Mais pour les frondeurs, le coup est rude. Les opposants souhaitaient faire tomber en dessous des 50 % la motion de l’actuel Premier secrétaire. C’est un échec. « Il faut tourner la page de ce que les médias ont appelé la "fronde parlementaire" », reconnaissait ce matin sur RTL Christian Paul, porte-drapeau de la motion B.
« Les frondeurs doivent reconnaître qu’ils ne représentent qu’une minorité du parti, qui a échoué dans sa volonté de réorienter la politique du gouvernement », développe Luc Carvounas. « L’aile gauche du parti a reculé. Elle obtient le même score qu’au congrès de Toulouse avec Emmanuel Morel, alors qu’elle avait cette fois reçu le soutien de Benoît Hamon, d’Arnaud Montebourg et de leurs amis. C’est une défaite. » En 2012, Emmanuel Morel avait obtenu 13,28 % au premier tour, et 27,48 % au second.
Laurent Baumel fait, lui, un autre calcul. « Le Congrès n’est pas un référendum, où seul le oui l’emporte et les autres n’ont plus rien à dire. Ce que Christian Paul a voulu dire, c’est que nous devons maintenant travailler pour faire gagner nos positions dans les instances du parti. » Les frondeurs espèrent d’ailleurs trouver des alliés au-delà de leur motion. « Dans la motion A, Martine Aubry et ses amis sont d’accord avec nous. Au bureau national, j’espère que ses proches, dont Jean-Marc Germain, continueront de défendre leurs positions, qui ne sont pas éloignées des nôtres. »
La querelle des chiffres
Les battus du jour l’assurent : cette victoire n’est pas un chèque en blanc signé au gouvernement. Pour preuve, les frondeurs se tournent vers la participation, autour de 55 %. « Elle n’était pas terrible », reconnaît Laurent Baumel. « Mais le problème se situe en amont. Il y a un désintérêt profond et un problème de fonte de nos effectifs. Personne ne se retrouve joyeusement dans le pacte de responsabilité ou la loi Macron. »
« Toutes les votations internes sont à ce niveau. Ce sont à peu près les mêmes chiffres qu’au congrès de Toulouse, alors que ce vote intervient après quelques déboires électoraux. Dans cette période plus compliquée, le résultat est donc engageant », répond Luc Carvounas. Le débat interne, lui, n’est pas fini.