Anne Pingeot raconte sa vie avec Mitterrand pour la première fois
BIOGRAPHIE•Elle a accepté de se confier au journaliste Philip Short, qui signe une biographie de l’ancien président…A.B.
Jamais elle n’avait parlé de ses années passées dans l’ombre du président, ni de la fille qu’elle a eue avec lui. Pour la première fois, Anne Pingeot raconte ses années passées avec François Mitterrand, à l’occasion de la parution d’une biographie consacrée à l’encien chef de l’Etat. Ecrit par un ex-journaliste de la BBC, Philip Short, ce Portrait d’un ambigu (Nouveau Monde Editions), dont L’Express publie les bonnes feuilles, aborde la vie de l’ancien président sous un éclairage inédit.
« Trente-deux ans de vie intense de bonheur… et de malheur »
Quand Anne Pingeot rencontre François Mitterrand, elle n’a que 20 ans, lui en a 47. On est en 1963, il n’est pas encore président, mais il est marié à Danielle et père de famille. Cela ne les empêche pas de tomber amoureux, mais la jeune femme comprend vite que l’élu de son cœur ne divorcera jamais et qu’une vie commune avec lui n’est pas au programme. « Découvrir que l’on n’est pas la préférée, c’est le plus dur », confie-t-elle.
Elle sait aussi qu’il est un homme « libre », qui s’autorisera des « écarts » au cours des années passées ensemble, « trente-deux ans de vie intense de bonheur… et de malheur », décrit Anne Pingeot. Elle qui n’a « jamais connu personne d’autre. Ni avant, ni après ».
Mazarine, « le seul vrai cadeau »
De leur histoire naîtra ensuite l’un des secrets les mieux gardés de la Ve République : Mazarine, qui voit le jour en 1974 après un ultimatum. Anne Pingeot a alors 30 ans, et mène sa carrière de conservatrice au musée du Louvre. « Elle savait qu’elle ne deviendrait jamais sa femme. Mais elle désirait un enfant de lui. Dans un premier temps, François avait refusé. (…) Anne était catégorique. S’il refusait, avait-elle dit, cela remettrait en question leur relation. Il avait capitulé », écrit Pilip Short. « C’est le seul vrai cadeau qu’il m’a fait », livre Anne Pingeot à l’écrivain.
« Quand mon cerveau sera atteint, vous me liquidez »
Dans un autre passage du livre, Anne Pingeot revient sur les derniers instants de François Mitterrand, gravement malade, et évoque la possibilité qu’il ait été aidé à mourir. Il aurait même demandé à son médecin personnel, le Dr Tarot, de s’en charger, selon elle. « François lui avait demandé : 'Quand mon cerveau sera atteint, vous me liquidez, je ne veux pas être dans cet état.' […] Et dans la nuit [Tarot] a dû lui donner une injection pour terminer les choses », raconte-t-elle à Philip Short.
« C’est ce qu’elle croit, mais le Dr Tarot n’a pas confirmé », a de son côté expliqué l’auteur de la biographie sur Europe 1 l’auteur de l’ouvrage, Philip Short, pour qui « c’est une supposition ». Toutefois, « c’est absolument vrai que Mitterrand a dit à plusieurs reprises, à Anne Pingeot et à d’autres, qu’il ne voulait pas être un légume, a-t-il rapporté à l’antenne. Il disait "épargnez-moi ça !" ».