Gaspillage alimentaire: «Il est primordial de sensibiliser tous les citoyens»
INTERVIEW•Le député Guillaume Garot, auteur du rapport «anti-gaspi», détaille certaines mesures pour 20 Minutes...Propos recueillis par Laure Cometti
Interdiction de jeter des aliments, promotion du «doggy bag» et campagne de sensibilisation du grand public à travers des journées de collecte anti-gaspi... Voici quelques-unes des recommandations du rapport sur la lutte contre le gaspillage alimentaire remis ce mardi au gouvernement. Le texte de 51 pages a été élaboré sous l'égide de l'ancien ministre de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot. 200 acteurs issus de la production, de la distribution, des collectivités locales ou des milieux associatifs ont été consultés pour établir une série de mesures concrètes que le député socialiste commente pour 20 Minutes.
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Parmi toutes les mesures proposées dans ce rapport, laquelle est selon vous primordiale afin d'enrayer le gaspillage alimentaire en France?
L’interdiction pour les industriels de l’agroalimentaire de détruire des produits consommables des marques de la grande distribution et l’obligation de faire don des invendus aux associations caritatives habilitées qui en font la demande. J’insiste sur ce point, car à l’heure actuelle, un gérant de magasin peut tout à fait refuser de faire dons des invendus, s'il n'est pas suffisamment sensibilisé à la question du gaspillage alimentaire, ou à cause de blocages logistiques.
Justement, que répondez-vous à ceux qui estiment que cette mesure va se heurter aux blocages logistiques sur le terrain?
Les questions matérielles liées à l’interdiction de jeter et à l’obligation de donner seront prises en compte. Avant d’appliquer de telles mesures, si le législateur décide toutefois de les adopter, il faudra bien sûr améliorer l’offre en matière de valorisation des déchets organiques à travers la méthanisation ou le développement de l’alimentation animale, autant de circuits vertueux selon les principes de l’économie circulaire. Des délais pragmatiques seront accordés avant les mesures de contrôles et de sanction. Il s’agit véritablement d’un agenda local du gaspillage alimentaire. Des assises territoriales permettront de réunir tous les acteurs concernés par la question.
Quelle est la place du consommateur dans votre rapport ?
Il est au cœur de ce projet. Aujourd’hui, il y a une confusion avec les dates de péremption indiquées sur les produits qui peuvent être mal comprises par le consommateur. Il faut simplifier ces formules, en employant un vocabulaire plus adapté. Par exemple, la mention «A consommer de préférence avant le…» (ou date de durabilité minimum) donne l’impression que, passé cette date, le produit n’est plus propre à la consommation, ce qui est faux. Nous préconisons de la remplacer par «Meilleur avant …». Il est primordial de sensibiliser tous les citoyens à la lutte anti-gaspillage alimentaire.