Départementales: Qu’est-ce que le «troisième tour»?
POLITIQUE•Après le deuxième tour des élections départementales, les conseillers fraîchement élus désigneront ce jeudi les présidents des départements, un processus délicat sur le quel «20 Minutes» fait le point…F.V.
Vous l’ignoriez peut-être, mais le deuxième tour des élections départementales sera suivi ce jeudi d’un «troisième tour», un processus délicat à l’issue parfois incertaine. De quoi s’agit-il exactement ? 20 Minutes vous explique tout.
Le «troisième tour», c’est quoi ?
C’est l'élection, par les conseillers départementaux fraîchement élus, du président de chaque Conseil départemental. Ce sera un processus épineux là où les majorités sont relatives ou incertaines, comme dans l'Aisne, le Gard, le Tarn-et-Garonne, et le Vaucluse, où gauche et droite pourraient être contraints à une alliance pour diriger un exécutif.
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Concrètement, comment ça marche ?
Le président du Conseil départemental est élu à la majorité absolue (la moitié plus un) pour un mandat de trois ans. Dans les départements où les formations politiques ont obtenu la majorité absolue des sièges au second tour des élections de dimanche, pas de surprise: leur candidat à la présidence est assuré d'être élu dès le premier tour de scrutin.
Si aucun candidat à la présidence n’obtient la majorité absolue, un deuxième tour est organisé après négociations pour tenter de former des alliances.
Si là encore, l’élection du président n’est pas acquise, un troisième tour est organisé. Cette fois, c’est le candidat qui obtient la majorité relative (le plus grand nombre de voix) qui devient président du Conseil. En cas d’égalité entre deux candidats, l’élection se fait «au bénéfice de l’âge»: le plus âgé est élu. Des surprises ne sont donc pas à exclure dans les départements incertains.
Pourquoi cette étape sera scrutée à la loupe?
Le FN, qui a obtenu 62 conseillers départementaux mais a échoué à conquérir un département, pourrait ternir le succès de l’UMP lors de ce «troisième tour». Le parti de Marine Le Pen se rêve en position d’arbitre là où aucune formation politique n’a remporté la majorité absolue. Les éventuelles alliances ou consignes de vote seront donc regardées de près.
Le FN s'est dit prêt à des accords dans les départements où il est minoritaire, sur la base d'une charte comprenant des points non-négociables à ses yeux, «par exemple la baisse de la fiscalité, le retour des services publics, le refus du communautarisme, la participation de la population à des référendums locaux», selon Nicolas Bays, le secrétaire général du FN. Des propositions qui se présentent comme consensuelles.
Ce troisième tour «sera la plus grosse difficulté à affronter pour l’UMP lors des départementales» car localement, il y aura des «tentations», assurait avant le scrutin à 20 Minutes Paul Bacot, professeur de sciences politiques de l’IEP de Lyon.
Elections départementales: L'UMP et le «piège» du troisième tour
Quelles sont les consignes?
A gauche, on reste sur le front républicain. Et à l’UMP, Nicolas Sarkozy a prévenu que tout accord local avec le FN lors des départementales vaudrait exclusion du parti. Mais les élus locaux suivront-ils ses consignes ? Le souvenir des élections régionales de 1998 est resté en mémoire: cinq membres de l’UDF (centristes) avaient accepté de s’allier avec le FN pour être élus, avant de se faire exclure de leur parti. Nicolas Sarkozy n’a en revanche pas encore précisé sa position dans le cas où le FN obtiendrait une majorité relative. Dans le Vaucluse, où l'extrême droite est en bonne position, un ex-candidat UMP du canton de Pertuis, Roger Pellenc, a déjà annoncé qu'il soutiendrait «toute majorité qui pourrait empêcher les socialistes de gagner». En clair, qu'il voterait FN contre les socialistes, si le cas se présentait. Dans ce département, tous les éléments d'un psychodrame semblent en place pour le 3e tour.