Parlement européen: Des assistants parlementaires FN soupçonnés de fraude
DECRYPTAGE•Retour sur les soupçons de l'institution européenne à propos du travail et des salaires de vingt assistants parlementaires frontistes...Anne-Laëtitia Béraud
Le Front national, qui compte 23 députés au Parlement européen, de nouveau dans la tourmente. Le Parlement européen a saisi lundi l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) au sujet de vingt assistants parlementaires FN. Ces derniers sont soupçonnés de ne pas travailler pour l'institution. Que leur reproche-t-on? Y a-t-il eu des précédents? Les principales questions-réponses sur cette actualité.
Quels sont les soupçons du Parlement européen visant le FN?
L’institution européenne a repéré «d’éventuelles irrégularités financières» concernant les assistants des députés européens FN. Selon le Parlement, ces assistants travaillent pour le parti de Marine Le Pen, et non sur des questions européennes, un travail pour lequel ils sont payés par l’Union européenne. Par ailleurs, des soupçons pèsent sur le fait que les salaires versés aient pu servir «directement ou indirectement à financer des contrats établis avec des groupes politiques du Parlement ou des partis politiques».
Le Parlement européen a donc saisi lundi l'Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) à ce sujet.
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Sur quels éléments se base le Parlement européen ?
Le Parlement s’interroge sur le travail réel de ces assistants, au vu d'éléments tels que leur adresse, puisqu'ils sont enregistrés au siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine) ou aux informations disponibles sur le site internet du FN, notamment l’organigramme.
Le Parlement précise dans un communiqué qu’«en février, l'administration du Parlement européen a pris connaissance de l'organigramme du parti français Front national et a constaté la présence de vingt assistants de parlementaires européens à des postes officiels alors ceux-ci doivent nécessairement et directement travailler à l'exercice du mandat parlementaire des députés européens.»
«La description de leur fonction contractuelle avec le député diffère en tout point de la nature des fonctions détaillées dans l'organigramme du Front national ou sur le site internet du parti. Par ailleurs, toujours selon cet organigramme, certains assistants ne travaillent pas pour le député auquel ils sont liés par un contrat de travail», précise le Parlement.
>> Le communiqué du Parlement européen ici
Quel est le montant présumé du préjudice?
Le préjudice représenterait 7,5 millions d'euros pour l'ensemble de la législature, selon une source parlementaire. Des chiffres similaires à ceux avancés par Le Monde, qui a publié cette information lundi.
Que va faire désormais l’Office européen de lutte anti-fraude?
Cet office européen va examiner les soupçons du Parlement européen. Il décidera ensuite d’ouvrir, ou non, une enquête. Le délai habituel de ce type d’enquête est de plusieurs mois.
Y a-t-il eu des précédents?
Ce n’est pas la première fois que les salaires des assistants parlementaires FN font polémique. En juillet 2013, Mediapart avait repéré que Marine Le Pen salariait à temps partiel, pour 5.000 euros brut mensuels, son compagnon Louis Aliot en tant qu'assistant parlementaire. Une situation interdite par le règlement du Parlement. En 2014, Louis Aliot a été élu au Parlement européen.
Comment sont payés les assistants parlementaires des députés européens?
Depuis la réforme de 2008, les assistants parlementaires des députés européens situés à Bruxelles jouissent d'un traitement et d'allocation similaires à ceux des fonctionnaires européens. Ceux-ci remplacent les 27 régimes différents d'emploi et de paiement des assistants parlementaires. Cette réforme est la conséquence d’un scandale, révélé par le député européen Paul van Buitenen, sur des pratiques salariales abusives de députés européens.
Quelles sont les principales réactions au FN ce mardi?
Marine Le Pen a annoncé sur Twitter son intention de déposer «une plainte pour dénonciation calomnieuse». Le vice-président Florian Philippot a réagi également sur Twitter: «Dans le fond, [le président du Parlement européen] Schulz a raison... Nos assistants ne travaillent pas pour l'Union européenne mais contre elle !», a-t-il écrit, estimant cette information d'«affaire bidon».
La députée FN Marion Maréchal-Le Pen a estimé ce mardi que le fait d'être assistant d'un parlementaire européen et «en même temps conseiller de Marine Le Pen sur des questions très techniques, je ne vois absolument pas en quoi cela est incompatible». Elle a par ailleurs qualifié Martin Schulz de «militant politique». «Il a appliqué à la lettre les ordres de Manuel Valls qui, hier, expliquait qu'il fallait que les élites se mobilisent contre le Front national», a ajouté la députée FN du Vaucluse.
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