REACTIONSPropos de Valls sur le FN: Un vocabulaire «absolument inadapté» pour Bayrou, «assez déflagrateur» pour Corbière

Propos de Valls sur le FN: Un vocabulaire «absolument inadapté» pour Bayrou, «assez déflagrateur» pour Corbière

REACTIONSAprès la nouvelle sortie de Manuel Valls sur le Front national, en mesure de remporter l'élection présidentielle dès 2017 selon lui, les réactions sont vives dans la classe politique...
Bérénice Dubuc

B.D. avec AFP

Quelques heures après les nouveaux propos de Manuel Valls sur les scores importants promis par les sondages au FN, la classe politique a réagi ce dimanche.

Alors que le Premier ministre a fait part de «son angoisse» face à la possiblité de voir selon lui le FN gagner la présidentielle dès 2017, le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, a dénoncé sur Europe 1 une «phraséologie (...) assez fasciste» de la part du Premier ministre, jugeant qu'il y avait «un peu de délire» dans de tels propos. Jean-Marie Le Pen a appelé le chef du gouvernement au «sang-froid et à la tenue».

L'ancienne ministre UMP Rachida Dati s'est sur France 5,dite «très choquée» par ces propos, ajoutant que «quand on est Premier ministre, on n'a pas à avoir peur». «C'est avec ça qu'on fait monter le Front national», a-t-elle mis en garde. «Il a une responsabilité (dans la montée du FN), il est au pouvoir, c'est lui qui peut agir, infléchir», a détaillé l'eurodéputée.

«Le spécialiste de la formule choc»

Le député de l'Aisne Xavier Bertrand (UMP) a lui estimé sur BFMTV que Manuel Valls était «devenu le spécialiste de la formule choc». «Qu'est ce que je préfèrerais avoir des mesures choc, plutôt que des formules choc. J'attends des mesures choc pour l'emploi, pour lutter contre le terrorisme, des mesures choc pour lutter contre l'insécurité», a affirmé Xavier Bertrand, invité de BFM politique.

L'ancien ministre, candidat aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais et à la primaire de 2016, a jugé «surprenant que le Premier ministre devienne un pronostiqueur, alors qu'il est l'acteur qui avec le président de la République peut changer de politique». «Ca va bien les mots, ça va bien les discours, ça va bien les déclarations. Ce sont des résultats qu'il faut, ce sont des actes qu'il faut», a-t-il insisté.

Le président du MoDem, François Bayrou, a pour sa part jugé le «vocabulaire» de Manuel Valls «absolument inadapté». «Je trouve que le vocabulaire de la peur, de l'angoisse, ne devrait pas être le vocabulaire des gouvernants», a estimé le maire de Pau au Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro, dénonçant un «débat qui n'apporte rien, sur fond de leçon de morale».

«Le Front national, ce n'est pas une fatalité»

A gauche aussi, la formule de Manuel Valls déplaît. On ne répond pas au Front national «par la peur et l'angoisse» mais en ayant recours à la «bataille politique», a estimé la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse. «Le Front national, ce n'est pas une fatalité. Ce n'est pas par la peur et par l'angoisse qu'on répond», a dit la responsable d'EELV dans l'émission Tous politiques (France Inter/Le Parisien Aujourd'hui/ France 3).

«J'en ai assez qu'on agite toujours des épouvantails, du sentimentalisme, à un moment où il faut combattre. Ce n'est pas en agitant la peur que les gens vont se réveiller», a ajouté Emmanuelle Cosse. «Je préfère dire aux Français: "Vous pensez qu'il est utile d'avoir des politiques sociales de proximité? Déplacez-vous dans les urnes les 22 et 29 mars. Vous pensez qu'il faut avoir une autre politique dans les collèges? Dites-le dans les urnes, etc..." Avoir une bataille politique et pas une bataille des sentiments.»

Le secrétaire national du Parti de gauche Alexis Corbière a de son côté pointé sur BFM la «responsabilité» du Premier ministre, et estimé «assez déflagrateur» le fait qu'il «sonne le tocsin» tout en affirmant qu'il resterait aux commandes «quel que soit le résultat des élections».