MONDEUn an après Maïdan, où en est l'Ukraine?

Un an après Maïdan, où en est l'Ukraine?

MONDEDeux personnes sont mortes à Kharkiv (Est de l'Ukraine) ce dimanche après un attentat en marge d'une manifestation patriotique pour le premier anniversaire de la chute de l'ex-président Ianoukovitch...
Maud Pierron

M.P.

Un an après la chute de Viktor Ianoukovitch en Ukraine sous la pression des manifestants de Maïdan, l’Ukraine vit toujours au rythme des soubresauts de la guerre civile. Les différents accords de paix ou cessez-le-feu entre Ukrainiens et séparatistres pro-russes n’ont pour l’instant jamais été réellement appliqués. 20 Minutes fait le point.

Comment a débuté ce conflit ?

Tout a commencé le 21 novembre 2012, lorsque le pouvoir ukrainien a décidé de rejeter un accord d’association avec l’Union européenne (UE) pour relancer ses relations économiques avec la Russie. Des centaines de personnes ont commencé par manifester quotidiennement place de l’Indépendance (Maïdan) pour montrer leur attachement à cet accord avec l'UE, rejoints par d'autres mécontents de la politique du président ukrainien. Les protestations se sont muées en occupation de la place, où des barricades ont été érigées et les combats avec les forces de l’ordre se sont multipliés. Le tout sous le regard de la communauté internationale puisque la Russie a soutenu jusqu’au bout le pouvoir tandis que l’UE soutenait les manifestants. Jusqu’au jour où les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants, faisant au moins 82 morts, entraînant la fuite du président.

Quelle est la situation territoriale actuelle de l’Ukraine?

Après la fuite de Ianoukovitch en Russie, Moscou n’a pas abandonné son allié. Une semaine après, des «rebelles pro-russes», en fait des miliciens aidés de soldats russes, ont envahi la Crimée (sud-est) pour l’annexer. Au nord-est, tout un arc de cercle allant de Donetsk à Louhansk, quasiment jusqu’à Marioupol, est aux mains des séparatistes, qui ont proclamé la République de Donetsk et la République de Louhansk.

Où en sont les accords de paix ?

Plusieurs cessez-le-feu ont été conclus et brisés dans la foulée en Ukraine. Pour François Hollande, «c’est la guerre» aux portes de l’UE, ce qui explique son initiative diplomatique «de la dernière chance» avec Angela Merkel. Après d'intenses discussions, Russes et Ukrainiens sont arrivés à un accord mi-février, à Minsk, qui prévoit un cessez-le-feu, toujours pas appliqué. Ce texte parle aussi de retrait des armes lourdes le long de la ligne de front et de création de zones tampons élargies. Dans cet accord enfin, est prévu le retrait des «groupes armés illégaux et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien», la libération des prisonniers, un futur statut pour les territoires sous contrôle pro-russe, et la tenue d'élections locales.

Et concrètement?

Minsk 2 pourrait bien devenir caduc, tout comme les accords de Minsk 1 de septembre dernier. Les combats n’ont en effet jamais vraiment cessé. Les rebelles pro-russes ont même repris la ville stratégique de Debaltseve. Et beaucoup craignent qu’ils prennent le port de Marioupol, dernière grande ville de l'Est située dans le sud de la ligne de front. Mais une timide éclaircie est apparue dimanche 22 février, lorsque l’on a appris que rebelles et loyalistes ont fait un pas pour l’application des accords de Minsk, en échangeant leurs prisonniers et en annonçant le retrait des armes de guerre lourdes de la ligne de front et d’une zone tampon élargie.

Quelle est l’influence de la Russie dans ce conflit?

Immense. Il faut rappeler que l’Ukraine est partagée entre l'Ouest nationaliste tourné vers l'Europe, et l'Est russophone orienté vers Moscou. Mais aussi que c’est le régime russe, qui a fait pression sur Kiev, lors des manifestations de Maïdan, pour qu’il reste inflexible aux demandes de la rue, avec l'arme économique des livraisons de gaz. Même si elle le dément, il est établi que la Russie fournit un soutien militaire et logistique à la rébellion pro-russe, quand elle ne l’organise pas.

Qu’en disent l’Union européenne et les Etats-Unis ?

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré samedi depuis Londres que Washington envisageaient «des sanctions graves, qui auraient un impact très négatif sur l'économie russe», car Moscou est jugée responsable de la rupture du cessez-le-feu. Un pas en arrière de Washington par rapport aux déclarations du début en faveur de l’envoi d’armes en Ukraine. Une option pas du tout soutenue par l’UE. Même si, pour le ministre de la Défense britannique, au regard de ce qu’il se passe en Ukraine, la Russie fait peser un «danger réel» sur les Etats baltes, anciennement soviétiques. Michael Fallon a ajouté que la Russie était «une menace aussi importante que Daesh pour l’Europe.»