UMP: Jean-François Copé, l’ambitieux qui s'est brûlé les ailes
PORTRAIT•L’ancien président de l’UMP a été mis en examen ce mardi…20 Minutes avec AFP
Jean-François Copé, mis en examen ce mardi pour «abus de confiance» dans l'affaire des pénalités de Nicolas Sarkozy, a vu ses ambitions élyséennes se fracasser après s'être brûlé les ailes à la tête de l'UMP, dont il a été chassé au printemps dernier.
«En 2017, la présidentielle se jouera entre Manuel Valls et moi!», confiait il y a quelques années celui qui a coché, en fidèle chiraquien, la plupart des cases du parcours politique classique: maire d'une grande ville, député, plusieurs fois ministre de 2002 à 2007 (Relations avec le Parlement, Ministère délégué à l'Intérieur, Budget), président du groupe UMP à l'Assemblée et chef du premier parti de France.
Depuis toujours, cet ambitieux assumé, 50 ans, consacre chaque seconde à son objectif clairement affiché: Conquérir l'Elysée.
Objectif Elysée
S'il a toujours entretenu avec Nicolas Sarkozy une relation complexe, passée, dit-il, par «toutes les couleurs de l'arc-en-ciel», il partage avec lui le même rêve d'enfant, la même obsession: devenir président de la République. En se mariant, en 1991, ne lance-t-il pas à des invités interloqués: «Vous avez de la chance, vous venez d'assister au mariage du futur président» ?
A la surprise générale, il convainc, à l'automne 2010, Nicolas Sarkozy de lui confier les clefs de l'UMP. Du donnant-donnant. En retour, il mène sa campagne à «1.000%» en 2012. «Il a fait le job», reconnaît son ancien ennemi numéro un Xavier Bertrand.
«Petit Français de sang mêlé» lui aussi -aïeux juifs roumains côté paternel, famille maternelle sépharade débarquée d'Algérie- Copé a retenu le premier conseil donné par Sarkozy: «en politique, on ne te donnera jamais rien ! Il ne faut pas demander, il faut prendre !»
Un précepte que «JFC» applique à la lettre en conquérant à la hussarde, en 1995, la ville de Meaux. De culot il ne manque pas non plus pour s'imposer, à la tête des députés UMP (2007-2010), «placard à balais» où Sarkozy a espéré le neutraliser, comme un personnage clé de la droite.
Victoire à la Pyrrhus
Après la défaite de 2012, il n'oublie pas cet autre conseil sarkozyen: «En politique, ce qui compte, ce ne sont pas les mandats, c'est le parti». Il se lance dans un duel sanglant avec François Fillon et s'empare de la présidence de l'UMP au terme d'une élection contestée par l'ex-Premier ministre, qui se dit «volé».
Cette victoire à la Pyrrhus, «c'est son péché originel», dit un ténor UMP. Il n'a jamais été considéré comme le chef légitime.
Mais il voulait coûte que coûte contrôler «le magot» du parti. Son talon d'Achille, «c'est son goût pour l'argent», dénoncent ses détracteurs, pas étonnés de voir son nom mêlé à l'affaire Bygmalion.
«Clanique» pour ses ennemis, il est apprécié pour sa «fidélité sans faille en amitié» par ses proches. «Il est souvent jugé cassant mais c'est un pudique et un grand affectif», assure son ami Christian Jacob.
Né à Boulogne-Billancourt le 5 mai 1964, Copé grandit dans les beaux quartiers de Paris. Lycée Victor-Duruy, Sciences-Po puis l'Ena... Lui qui, à 7 ans, affiche fièrement une photo du gouvernement Pompidou au-dessus de son lit, adhère tout naturellement au RPR.
Diète médiatique
En 1995, il reste fidèle jusqu'au bout à Chirac. Dans la foulée de la présidentielle, ce suppléant de Guy Drut devient député de Seine-et-Marne mais est fauché deux ans plus tard par la fameuse dissolution. Sa dernière défaite jusqu'à sa démission forcée de la présidence de l'UMP.
S'il a longtemps fait mentir le titre d'un de ses livres «Promis, j'arrête la langue de bois», Copé se lance à l'UMP dans les formules choc, comme le «pain au chocolat» ou le «racisme anti-Blancs», en néo-converti à la droite «décomplexée».
Remarié en 2011 avec Nadia, qui l'accompagne partout sur le terrain, il est père de quatre enfants. Depuis son éviction de l'UMP, Jean-François Copé a réactivé son club Génération France mais s'astreint à une diète médiatique: un effort surhumain pour ce boulimique de plateaux télévisés.