ELECTIONVIDEO. Législative partielle: Après le premier tour, qui est vraiment le vainqueur?

VIDEO. Législative partielle: Après le premier tour, qui est vraiment le vainqueur?

ELECTIONLes candidats PS et le FN s'affronteront au second tour dans le Doubs, mais l'analyse des résultats est un peu plus complexe...
Nicolas Beunaiche

Nicolas Beunaiche

Comme à L’école des fans, tout le monde a gagné. Au lendemain du premier tour de la législative partielle dans le Doubs, les trois candidats arrivés en tête et leurs formations politiques respectives trouvent tous des raisons de se réjouir, ce lundi, du résultat de la veille. Le FN parce qu’il est arrivé premier, le PS parce qu’il accède enfin à une finale, l’UMP parce qu’elle y voit une sanction du gouvernement. Mais qui sort véritablement vainqueur du premier round? 20 Minutes compte les points.

L’UMP éliminée, mais pas déçue (26,5%)

En dépit de son absence au second tour, l’UMP insiste ce lundi sur les points positifs du scrutin. Luc Chatel voit par exemple dans les résultats du premier tour «une sanction pour le gouvernement». De nombreux cadres du parti s’efforcent également de dédramatiser la défaite, en la mettant sur le compte de la sociologie de l’électorat. «C'est un résultat à relativiser car c'est l'une des 35 circonscriptions où le FN et le PS sont les plus forts. Or l'UMP n'y perd que de 500 voix environ», explique ainsi Gérald Darmanin au Monde. Pourtant, «la droite a remporté l’élection en 1993 et en 2002», rappelle à 20 Minutes le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi. La réalité, c’est que «l’UMP ne parvient pas à profiter de sa position d’opposant», analyse pour sa part le politologue Joël Gombin. Et ni les difficultés de la gauche au pouvoir ni le retour de Nicolas Sarkozy ne semblent y changer quoi que ce soit. «Visiblement pour beaucoup d'électeurs, l’UMP n'est pas l'alternative à l'exécutif, explique à l’AFP Bernard Sananès, le président de l'institut de sondages CSA. L'alternative aujourd'hui pour beaucoup d'électeurs, y compris des électeurs de droite, c'est le FN.»

Le PS qualifié, une «illusion d’optique» (28,8%)

«C'est un premier round, nous l'avons emporté, tout du moins dans les partis républicains.» La réaction du premier secrétaire du PS, Jean-François Cambadélis, ne saurait dire mieux le sentiment mitigé des socialistes ce lundi matin. «Ce scrutin est une rupture symbolique forte avec les précédents scrutins, tous catastrophiques pour le PS», commente Frédéric Dabi, qui y voit un effet « Charlie», quoique limité. «Il y a eu une remobilisation de l’électorat de gauche, qui tient à la bonne tenue des cadres du PS ces dernières semaines, analyse-t-il. Mais les résultats dans le détail montrent que l’effet 11-Janvier est incomplet.» En 2012, Pierre Moscovici était en effet arrivé en tête au premier tour avec 40,81% des voix, loin devant la FN Sophie Montel et ses 23,87%. En trois ans, le PS a donc perdu près de 10.000 voix, soit 55% des suffrages qui s’étaient portés sur son candidat en 2012. «La qualification de Frédéric Barbier est une illusion d’optique, en conclut Joël Gombin. Il passe de justesse parce que l’UMP ne s’est pas renforcée.»

Le FN en tête mais en recul (32,6%)

La victoire semble totale, en revanche, pour le FN, dont la candidate, Sophie Montel, s’est qualifiée haut la main pour une finale qui la verra affronter un adversaire socialiste. «C'est une bonne nouvelle que nous ayons le PS en face de nous car une partie des personnes qui ont voté UMP pourraient nous rejoindre», s’est d’ailleurs réjouie la frontiste. De fait, ce scrutin confirme la tendance des précédents. Ces résultats «marquent la confirmation d’un enracinement du FN», analyse Bernard Sananès. «Le premier tour est de plus en plus une primaire PS-UMP pour affronter le FN», renchérit Frédéric Dabi. Dans le détail, toutefois, le FN perd plus de 1.000 voix par rapport à 2012. Mais «il résiste simplement mieux que ses adversaires», selon Joël Gombin.

Des trois partis arrivés en tête, le FN s’en sort donc le mieux. Mais il fait tout de même moins bien que l’abstention, qui culmine à 60,44% (39,5% en 2012). «Le désintérêt est électeurs est évident», déplore Joël Gombin. Le second tour FN-PS peut-il mobiliser davantage l’électorat et bouleverser le rapport de forces? Réponse dimanche prochain.