JUSTICEFinancement des campagnes FN: Un proche de Marine Le Pen mis en examen

Financement des campagnes FN: Un proche de Marine Le Pen mis en examen

JUSTICECe conseiller officieux est mis en examen...
Oihana Gabriel

O.G. avec AFP

Un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, a été mis en examen, notamment pour «escroquerie», dans l'enquête sur le financement de plusieurs campagnes du Front national, a indiqué jeudi à l'AFP une source judiciaire.

Enquête sur le financement des campagnes de 2011 et 2012

Après 48 heures de garde à vue, cet ancien responsable du syndicat étudiant d'extrême droite GUD a également été mis en examen vendredi par les juges Renaud van Ruymbeke et Aude Buresi pour «faux et usage de faux», «abus de biens sociaux» et «blanchiment d'abus de biens sociaux», selon cette source, qui confirmait une information du Monde. L'homme est prestataire et conseiller officieux de la présidente du Front national. Sa mise en examen intervient dans le cadre d'une enquête sur le financement des campagnes électorales du FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012.

«Je n'ai pas été auditionnée», a réagi Marine Le Pen. «Je ne sais absolument pas de quoi retourne cette affaire. Elle ne me concerne pas juridiquement». Frédéric Chatillon mis en examen? «Enfin! Ça fait des mois qu'il y a une enquête qui se prive de l'encadrement, du contrôle nécessaire. Il va enfin pouvoir avoir accès au dossier, savoir quels sont les motifs, et apporter des explications. Pour l'instant, on a lu tout et n'importe quoi dans la presse, je pense que c'est plus sain que le respect des procédures s'effectue en permettant, si vous voulez, le respect des droits de la défense», a-t-elle assuré.

«La mise en examen n'est pas condamnation», a-t-elle aussi rappelé, assurant par ailleurs que les juges d'instruction ont «mis en place une gamme très large d'incriminations pour ne pas avoir à faire des réquisitoires supplétifs».

Le FN s'est toujours défendu de toute irrégularité

A l'origine, l'enquête portait sur le rôle joué auprès des candidats frontistes aux législatives par Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, et la société Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon. Or, Riwal a également facturé ses services pour la présidentielle de Marine Le Pen, ce qui a justifié l'extension du périmètre de l'enquête. Lors des législatives de 2012, c'est la double fonction de Jeanne qui a intéressé les enquêteurs: le micro-parti prêtait de l'argent aux candidats pour faire campagne et dans le même temps leur vendait des kits de campagne (photo, tracts, etc.). Selon des documents consultés par l'AFP, le taux d'intérêt du prêt pouvait se situer autour de 6/7%, pour des kits coûtant environ 16.000 euros.

Le FN s'est toujours défendu de toute irrégularité, en faisant notamment valoir que «rien ne s'oppose» à ce que Jeanne «prête à des candidats aux élections» et que ses comptes sont régulièrement validés par la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). Les comptes de Jeanne pour l'année 2011 font apparaître quelque 1,7 million d'euros d'achats et 1,8 million d'euros de «services» facturés aux «candidats pour les campagnes électorales». Ces chiffres s'élèvent à près de 9 millions d'euros dans les comptes de 2012. Peu après l'ouverture de l'information judiciaire, des perquisitions avaient visé les locaux de Jeanne et de Riwal.