Au cœur du clan Chirac: La solitude de Jacques... Les pics de la «reine Bernadette»...
CHIRAC•La journaliste du Monde, Béatrice Gurrey publie «Chirac, les secrets du clan»...T.L.G.
Au cœur du clan Chirac. La journaliste du Monde, Béatrice Gurrey publie «Chirac, les secrets du clan» le 19 janvier prochain. Elle y dévoile les coulisses d'une «fin de règne», la solitude de Jacques après sa maladie, les tensions au sein du clan, et l'influence de Bernadette. 20 Minutes vous dévoile quatre extraits de l'ouvrage.
L'«anosognosie»
L'ancien chef de l'Etat passe une batterie de tests médicaux en juin 2011. On décèle alors «des troubles de la mémoire et du raisonnement, une désinhibition du comportement, et la fameuse anosognosie – le fait d'ignorer que l’on est malade», raconte la journaliste. «Jacques Chirac a fait plusieurs AVC et des anomalies cérébrales et vasculaires en ont résulté qui ne peuvent s’arranger avec le temps. Les circuits de la mémoire ont été, eux aussi, endommagés, engendrant des confusions chronologiques plus ou moins graves, une sorte de mémoire à éclipses. Devant les médecins, l’ancien président garde le caractère jovial qu’on lui a toujours connu».
L'angoisse d'un procès
Le 8 juillet 2011, Bernadette Chirac reçoit en mains propres le certificat médical «nécessaire au juge pour prendre une décision qui aille dans le sens espéré». A l'époque, l'entourage du président souhaite «éviter un procès à tout prix» dans le dossier des emplois fictifs de la mairie de Paris. «Aucun tribunal ne fera comparaître un prévenu dont les capacités sont à ce point diminuées, même pour lire un papier d’autojustification, en quelques minutes», explique la journaliste. La maladie du président, longtemps tenue secrète, est dévoilée.«Cette lettre au président du tribunal l’enferme davantage encore que le silence qu’il s’est imposé et prend une dimension tragique. Elle nie sa conscience, sa volonté, sa personne. Elle le réduit à sa maladie.»
La résignation de Jacques
Béatrice Gurrey décrit la lassitude de l'ancien chef d'Etat. «Jacques Chirac a accédé à une forme de résignation, dès lors qu’il a quitté la place la plus convoitée de la République. [...] Cet homme qui a vécu à l’Elysée enfermé dans une cage de mots, puis dans la maladie et la peur que d’autres avaient d’un procès, est désormais enfermé en lui-même sans le vouloir, autant que par goût du secret.» La journaliste décrit cette visite où sa fille Claude est accompagnée d'une amie et de son chien. «La discussion tourne autour de la politique, durant de longues minutes, pendant lesquelles Chirac ne dit rien. Peut-être caresse-t-il distraitement la tête du chien. Alors que la dissertation va bon train sur l’état du pays, il se penche soudain vers l’invitée: "Et toi, qu'est-ce que tu lui donnes comme croquettes?" Une façon polie de dire son ennui ? Une déconnexion passagère ? En tout cas, la politique française au jour le jour ne l’intéresse plus, il en a été rassasié.»
«La reine» Bernadette
Béatrice Gurrey peint un portrait au vitriol de la «reine Bernadette» Chirac, qui multiplierait les pics à l'égard de son mari et de son entourage. Ainsi, lorsque Bernard Arnault lui propose d'entrer au conseil d'administration du groupe LVMH, elle «n'ignore pas, bien entendu, qu'elle va provoquer un drame en acceptant la proposition de Bernard Arnault, l'éternel ennemi de Pinault». Quand Bernadette passe à l'acte «Chirac est à la fois fou de rage contre sa femme et affecté pour son ami». Il débarque aussitôt au bureau de François Pinault, «effondré à l'idée que cet épisode puisse ruiner une vieille amitié».