Assemblée nationale: Le PS perd sa majorité absolue, les radicaux de gauche gagnent du poids
POLITIQUE•Les socialistes pensaient de toute façon perdre leur majorité absolue en février, lors de la législative partielle organisée dans le Doubs...Maud Pierron
Ce n’est pas la meilleure des façons de débuter l’année: le PS perd sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. Un député des Bouches-du-Rhône, Jean-Pierre Maggi a en effet indiqué sur son blog qu’il allait quitter le groupe PS au Palais Bourbon pour rejoindre celui du Parti radical de gauche. Le groupe PS passera donc de 289, seuil de la majorité absolue, à 288 députés. «J’ai pris la décision de quitter le groupe socialiste afin de marquer ma désapprobation vis-à-vis de la Réforme territoriale et la création de la Métropole Aix-Marseille», explique-t-il dans son billet, ajoutant que sa décision est «personnelle».
Le PS a toujours dû compter sur ses alliés
Si c’est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, elle était toutefois attendue pour ce début d’année, mais plutôt pour février, avec la législative partielle dans le Doubs organisée pour trouver un successeur à Pierre Moscovici. Le PS n’avait que peu d’espoir de remporter à nouveau le siège de celui qui est devenu commissaire européen lors du scrutin du 1er et 8 février.
C’est une lente érosion pour le gouvernement qui a attaqué le mandat de François Hollande avec 297 députés PS, et qui a vu ce chiffre s’éroder au fil des élections partielles toutes perdues. Symboliquement, le passage est difficile mais dans les faits, le gouvernement n’a jamais adopté un texte avec ses seuls députés. Il a toujours pu, ou dû, compter sur l’appui de quelques voix écologistes ou radicales pour faire le poids, surtout avec l’abstention résiduelle des frondeurs depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon.
«On va sauver la loi Macron, et ça ça se paie»
Le PRG fait là une bonne affaire, tant politiquement que financièrement. En effet, Jean-Pierre Maggi a annoncé qu’il allait se rattacher financièrement au PRG, ce qui amènera plusieurs dizaines de milliers d’euros dans les caisses de PRG chaque année, au titre de la. D’autant plus bienvenu que l’un des députés PRG, Paul Giaccobi, en bisbilles avec Jean-Michel Baylet, a décidé de ne plus se rattacher au groupe PRG, occasionnant une perte sèche d'au moins 35.000 euros annuels, selon nos informations.
Politiquement, évidemment, le PRG veut profiter de cette nouvelle adhésion qui en fait, vante-t-il, un «groupe pivot» à l’Assemblée, comparant avec des écologistes divisés et rebelles et les frondeurs du PS. Un ponte du PRG regrettait fin décembre que son parti n’ait pas assez bien négocié avec François Hollande et Manuel Valls lors du dernier remaniement gouvernemental d’août, mais guettait avec appétit la prochaine occasion, en révisant ses classiques. «Le PS va perdre sa majorité, on a une fenêtre de tir, expliquait ce responsable. C’est comme dans la fable du rat et du lion de La Fontaine, on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Le PS serait fragilisé s’il apparaissait comme tout seul dans sa majorité».
Et ce sera du donnant-donnant. Ce responsable citait par exemple la loi Macron, décriée au sein du groupe PS, rejetée par les écologistes, et que les radicaux voteront probablement. «On va sauver la loi Macron, et ça ça se paie». Une illustration parfaite de la manière dont ce petit parti, qui a réuni 17.055 voix (0,65%) lors de la première primaire, réussit à peser sur la vie politique française.Lors de leur dernier ultimatum en octobre, les radicaux de gauche avaient obtenu le maintien des départements dans les zones rurales, où se trouvent plusieurs de leurs fiefs.