REACTIONSPour Bruno Le Roux les propos de Marine Le Pen sur la torture témoignent du retour de «la gégène de papa».

Pour Bruno Le Roux les propos de Marine Le Pen sur la torture témoignent du retour de «la gégène de papa».

REACTIONSLe député radical de gauche Alain Tourret, a notamment demandé à la ministre de la Justice d'engager des poursuites à son encontre...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Même si elle a rétropédalé, les propos de Marine Le Pen sur la torture continuent de susciter l'indignation.

Interrogée ce mercredi par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, la présidente du Front national a indiqué que dans les cas où une «bombe –tic-tac tic-tac tic-tac– doit exploser dans une heure ou deux et accessoirement peut faire 200 ou 300 victimes civiles», «il est utile de faire parler la personne». «Même sous la torture?» a interrogé le journaliste. «Avec les moyens qu'on peut», a répondu Marine Le Pen.

Invitée ensuite de l'émission Questions d'Info sur LCP, Marine Le Pen a expliqué qu'elle parlait alors des Etats-Unis, qui ont une «utilisation industrielle (...) parfaitement condamnable» de cette pratique «sous le choc psychologique (des attentats) du World Trade Center». «La France n'a pas recours à la torture et c'est très heureux qu'il en soit ainsi», a poursuivi celle qui a été avocate de profession, avant d'insister plus tard: «Ce n'est pas le cas de la France et je m'en réjouis».

Des poursuites judiciaires souhaitées par Alain Touret

Mais ce rétropédalage n'a pas semblé convaincre tout le monde. Le député radical de gauche Alain Tourret, a qualifié mercredi en commission des Lois de «scandale absolu» les propos de Marine Le Pen et a demandé à la ministre de la Justice d'engager des poursuites à son encontre. «C'est la première fois depuis la guerre d'Algérie» qu'un responsable politique s'exprime ainsi, a-t-il ajouté, estimant que «légitimer la torture» est «un scandale absolu».

Corinne Narassiguin, porte-parole du PS a vivement fustigé l'attitide de la présidente du FN: «Cette désinvolture à l'égard du respect des droits humains est choquante. Son rétropédalage par Tweet face aux réactions négatives ne fait que confirmer la légèreté avec laquelle elle aborde ce sujet (...) La présidente du FN s'appuie sur le scénario bien connu de la bombe à retardement, argument d'éthique à géométrie variable popularisé dans des séries télé comme "24 heures chrono"».

Le retour de «la gégène de papa» pour Le Roux

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF n'y est pas allé de main morte non plus: «Torture: le vrai visage de Marine Le Pen est celui de l'apologie du crime. (...) Devant la gravité de son propos, qui relève de l'apologie du crime, elle tente sans succès de faire machine arrière en pointant une « interprétation malveillante ». Mais elle a bel et bien parlé ainsi. Par le passé, Jean-Marie Le Pen avait évoqué avoir pratiqué des «interrogatoires poussés». La dédiabolisation du FN et sa normalisation semblent ne pas résister aux actes de torture, d'Alger à Guantanamo».

Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, a vu dans les propos équivoques de Marine Le Pen sur le recours à la torture le retour de «la gégène de papa».

Même son de cloche chez le collectif socialiste de la Gauche Forte: «Marine Le Pen inscrit son parti dans le sillage des provocations successives de Jean Marie Le Pen à ce sujet.(...) Loin de l'illusion de la dédiabolisation, le Front national demeure un parti d'extrême droite qui instrumentalise les parts d'ombre de l'histoire de France et tente de réécrire la mémoire nationale».