EXCLUSIF. FN: Jean-Marie Le Pen, un boulet pour Marine Le Pen selon une majorité de Français
SONDAGE•Marine Le Pen n'a pas réussi sa stratégie de dédiabolisation, selon un sondage YouGov pour «20 Minutes»...Maud Pierron
Marine Le Pen s'avance vers son nouveau congrès, ce week-end, en position de force. Elle devrait être confortablement réélue, et sa ligne politique confortée. Seul petit bémol pour la présidente du FN, la place de son père, président d'honneur du parti, dans le dispositif politique. En effet, selon le sondage Yougov pour 20 Minutes, 58,1% des Français jugent que l’ex-président du FN «nuit à Marine Le Pen dans sa stratégie de conquête du pouvoir».
Et cette affirmation recueille un taux encore plus important chez les sympathisants FN, à 71,9%. Marine Le Pen jouit également sans conteste d’une image plus positive que son père: 65,6% jugent qu’elle a une image plus sympathique que lui, une proportion qui monte à 91,4% chez les sympathisants FN.
Marine Le Pen «a réussi son pari»
Un plébiscite pour cette dernière, au bout de près de quatre ans de règne face à celui qui a créé le parti et dirigé d'une main de fer pendant 38 ans. «Il n'y a pas de comparaison à faire entre deux personnalités qui n'ont pas du tout les mêmes rôles, tempère Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du FN. Cela confirme que Marine Le Pen a une meilleure image mais dans les sondages grandeur nature, c'est à dire les élections, on voit que Jean-Marie Le Pen obtient d'excellent résultats», défend-il en parlant des européennes.
«Elle a réussi son pari. Ces résultats entérinent le fait qu’il n’y a pas d’opposition interne au FN», décrypte Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la fondation Jean-Jaurès. De fait, juge ce spécialiste du FN, si ce taux d’approbation est si fort, c’est aussi parce que les résultats électoraux sont très bons. «Elle a réussi à convaincre qu’il faut conserver cette démarche unitaire. C’est d’autant plus simple que le FN a le culte du chef. Et vu la dynamique actuelle, tout le monde voit qu’il y a une chance historique à saisir», explique Jean-Yves Camus.
Pas de dédiabolisation
En revanche, il y a bien un point sur lequel Marine Le Pen achoppe: 72,9% des sondés sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle le FN «est un parti d’extrême droite», alors que la présidente du FN menace de poursuivre en justice les journalistes qui qualifieraient ainsi son parti. «Sa stratégie de dédiabolisation ne fonctionne pas. C’est une constante, le FN est identifié comme un parti d’extrême droite. C’est une pesanteur historique dont Marine Le Pen mettra beaucoup de temps à se défaire, si elle s’en défait», analyse Jean-Yves Camus. «C'est de la faute des médias qui nous qualifient toujours ainsi. Mais pour les Français, aujourd'hui, ce n'est plus forcément vu comme péjoratif, juste un moyen de nous situer sur l'échiquier politique», répond Nicolas Bays.
Mais même au sein du FN, une majorité (53,2%) pense que la formation est un parti d’extrême droite, une affirmation qui va à l’encontre de tous les discours des cadres FN. «Il y a encore tout un travail de communication à faire en interne. On n'efface pas 25 ans de dérapages comme ça», commente Jean-Yves Camus.
Il faut dire que Jean-Marie Le Pen prend un malin plaisir à contrer la stratégie de sa fille, et n'a pas cessé de multiplier les dérapages, du jour même de son intronisation lors du congrès de 2011, où il a ironisé sur les origines juives d'un journaliste, à la «fournée» de Patrick Bruel, juste après le net succès du FN lors des élections européennes. Une sortie de route qui avait ulcéré Marine Le Pen. Elle avait alors critiqué son père, ouvrant une crise interne et familiale au FN. Si l'affaire s'est aujourd'hui tassée, une partie de l'entourage de Marine Le Pen mène une guerre larvée contre «le Président», pour «sécuriser» la route jusqu'à 2017.