JUSTICELes 53 millions d’euros en liquide qui embarrassent Serge Dassault

Les 53 millions d’euros en liquide qui embarrassent Serge Dassault

JUSTICEEntendu début octobre par les enquêteurs, un comptable suisse a fait des révélations…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

Du Liechtenstein, de Suisse ou du Luxembourg jusqu’au bureau de Serge Dassault, à deux pas des Champs-Elysées. Un comptable suisse, entendu début octobre par les juges enquêtant sur les soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes (Essonne), leur a décrit comment, selon lui, il a remis pour 53 millions d'euros au maire de la ville, l'industriel Serge Dassault entre 1995 et 2002, révèlent mardi Libération et France Inter.

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Le quotidien et la station de radio révèlent le procès-verbal d'audition dans lequel cet homme décrit le dispositif qui aurait permis à l'avionneur de recevoir à Paris de l'argent liquide depuis le Liechtenstein et la Suisse.

La Cofinor au centre du dispositif

Le liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault à Paris était initialement puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor.

Cette chambre de compensation s’était fait une spécialité d’envoyer «où vous voulez dans le monde de l’argent venu de Suisse», selon une description faite par l’un des enquêteurs.

Le liquide caché dans des sacs «passe-partout»

Se faisant, le comptable à donc décrit aux enquêteurs le parcours emprunté par l’argent. «Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe, le livreur me remet un sachet en plastique ‘’passe-partout’’ (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros.»

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«Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point» des Champs-Elysées, siège du groupe, «je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose», a raconté Gérard Limat aux enquêteurs.

«Je n'ai jamais posé de questions et Serge Dassault ne m'en a jamais rien dit», a-t-il encore dit. L'industriel «me disait qu'il avait besoin de me voir, je comprenais qu'il avait besoin d'argent liquide», selon la déposition de Gérard Limat.

Pas de liens a priori avec l’enquête sur les achat de voix

Mis en examen pour complicité de financement de campagnes électorales et d'achat de votes et blanchiment, celui qui décrit Serge Dassault comme un «ami» n'établit pas de lien entre ces livraisons d'argent liquide et l'achat présumé de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012, objet de l'enquête des juges financiers.

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Agé de 89 ans, Serge Dassault avait été mis en examen en avril pour «achat de votes», «complicité de financement illicite de campagne électorale» et «financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé». S'il a reconnu des dons, Serge Dassault a toujours réfuté avoir acheté des voix d'électeurs lors des municipales de 2008, 2009 et 2010.