POLITIQUEMariage pour tous: Sarkozy critiqué à gauche comme à droite après son revirement

Mariage pour tous: Sarkozy critiqué à gauche comme à droite après son revirement

POLITIQUEL'ancien président a employé pour la première fois le terme d'«abrogation», après avoir été chahuté par l'assistance pour avoir dans un premier temps défendu une simple «réécriture» de la loi Taubira...
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP, lors d'un meeting à Paris le 15 novembre 2014
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de l'UMP, lors d'un meeting à Paris le 15 novembre 2014 - Dominique Faget AFP
Mathias Cena

M.C. avec AFP

Le revirement de Nicolas Sarkozy sur la loi Taubira sur le mariage homosexuel, dont il souhaite désormais «l'abrogation», est dénoncé par la gauche, qui l'accuse de céder à la frange la plus radicale de l'UMP, mais aussi à droite, où l'on parle de «mensonge».

Invité samedi à un débat par Sens commun, une association née au sein de l'UMP dans le sillage de la Manif pour tous, l'ancien président a employé pour la première fois le terme d'«abrogation», après avoir été chahuté par l'assistance pour avoir dans un premier temps défendu une «réécriture» de la loi.



Mariage homo: Sarkozy évoque une «abrogation... par 20Minutes

«On n'épouse pas les convictions de la foule»

En déplacement en Australie, François Hollande a refusé dimanche de «commenter» ce revirement, cantonnant son rival à sa «campagne interne» à l'UMP pour se situer, lui, dans «l'apaisement» et le «consensus». Mais en France, ce glissement lexical a suscité de vives critiques, à commencer par la gauche. C'est un «coming out homophobe», a dénoncé Pierre Laurent (PCF), jugeant que Nicolas Sarkozy avait «cédé» à des militants d'«ultra droite». Côté gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a raillé Nicolas Sarkozy, estimant que «lorsqu'on a des convictions, on fait en sorte que la foule s'y rallie, on n'épouse pas les convictions de la foule».

Dans un parti divisé sur cette question, Nicolas Sarkozy se range ainsi aux côtés de Xavier Bertrand, de Laurent Wauquiez ou d'Hervé Mariton, lui aussi candidat à la présidence du parti, qui dénonce «une manoeuvre électorale pour me siphonner des voix». L'ex-président se distingue dans le même temps d'une partie de l'UMP, qu'il s'agisse du favori des sondages pour 2017, Alain Juppé, converti, lui, au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels, ou de l'ancien Premier ministre François Fillon, qui a répété dimanche soir sa position: abrogation impossible «pour des raisons juridiques», mais réécriture partielle.

Lefèvre: «Cessons d'entretenir des débats d'un autre temps»

Parler d'abrogation, «c'est mentir aux Français», a martelé Franck Riester, l'un des deux seuls députés UMP à avoir voté la loi Taubira, qui soutient aujourd'hui dans la campagne interne à son parti la candidature de Bruno Le Maire, lui aussi opposé à l'abrogation. Dimanche soir, Bruno Le Maire a réaffirmé sa position et appelé à ne «pas traiter les Français comme autant de clientèles».

Le député UMP Frédéric Lefebvre, ancien très proche de Nicolas Sarkozy, s'est nettement démarqué: déjà «avec le PACS, nous avons collectivement à droite raté le coche de la modernité». «Soyons sérieux et sincères. Cessons d'entretenir des débats d'un autre temps», a-t-il lancé.