Abstention sur le Budget 2015: Hamon et Filippetti dans le viseur de Cambadélis
POLITIQUE•L e Premier secrétaire du PS s'est dit «choqué» par le fait que les deux anciens ministres se soient abstenus. Aurélie Filippetti a réagi...B.D. avec AFP
Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a jugé «déplorable» et «pas loyal(e)» ce mercredi «l'attitude» des ex-ministres Aurélie Filippetti et Benoît Hamon, qui se sont abstenus la veille sur le volet recettes du budget. Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a lui dénoncé un «manquement au devoir».
Sur RTL, le numéro un socialiste député s'est dit «choqué» par le fait que deux ministres de la République qui ont quitté le gouvernement et «qui avaient accepté les arbitrages budgétaires en juillet se soient abstenus». «Ceci pose un problème éthique», a-t-il poursuivi d'un ton grave.
Bon ni pour eux, ni pour le PS ni pour les frondeurs
«On ne peut pas à la fois quand on est au gouvernement accepter l'arbitrage, le trouver juste puisqu'ils n'ont pas démissionné, et quand on en est sorti pour des raisons secondaires -la polémique autour d'Arnaud Montebourg évidemment- on en fait une question de distinction absolue avec le gouvernement que l'on a soutenu jusqu'au bout.»
«Ce n'est pas loyal par rapport à son camp, ce n'est pas une bonne image par rapport à la politique», a insisté le responsable socialiste. «Ce n'est bon ni pour eux, ni pour le Parti socialiste ni même pour ceux que l'on appelle les frondeurs», selon l'élu parisien. «C'est une attitude qui est pour moi déplorable.» «39, c'est trop», avait observé auparavant le député, en référence au nombre de députés de son parti «frondeurs».
«Aucune leçon à recevoir de qui que ce soit»
L'ex-ministre Aurélie Filippetti lui a rétorqué sur iTélé qu'elle n'avait «aucune leçon à recevoir de qui que ce soit». «Je dois des comptes à mes électeurs et aux Français», a ajouté l'ex-ministre de la Culture, tout en observant: «Nous ne sommes pas les deux seuls anciens ministres, puisque je rappelle que Delphine Batho et Cécile Duflot se sont abstenus.»
Elle a également accusé le Premier secrétaire «d'une part de mauvaise foi». «Il y a une part de mauvaise foi dans les propos de Jean-Christophe Cambadélis: quand il parle des arbitrages budgétaires, il parle de la partie dépense», pas des recettes votées hier, a assuré l'ancienne ministre de la Culture. «On a été très cohérents par rapport au mois d'août» a poursuivi l'élue de Moselle.
La politique du gouvernement «menace la République»
Benoît Hamon a lui affirmé que la politique menée par François Hollande et Manuel Valls «menace la République» et mène vers un «immense désastre démocratique» en 2017. Cette politique, «parce qu'elle réduit les capacités d'intervention de la puissance publique», «menace la République», a déclaré l'ancien ministre sur RFI.
«Et la menace de la République, c'est la préparation tout droit, comme on s'y prépare pour 2017, d'un immense désastre démocratique», soit «non seulement l'arrivée au second tour de la présidentielle de Marine Le Pen sans coup férir, mais en plus la menace que demain, elle dirige le pays».
Sur RMC et BFMTV, Stéphane Le Foll a lui aussi porté l'estocade, soulignant que «le budget, ce n'est pas une décision anodine». «Il y a des devoirs quand on est dans une majorité. La question budgétaire est essentielle. Donc il y a un manquement au devoir», a-t-il estimé. Le porte-parole du gouvernement a réagi à ces propos, indiquant: «Je ne peux pas l'accepter et je ne comprends pas», «il va trop loin». «Une limite a été franchie», a encore estimé Stéphane Le Foll.