Levallois-Perret: Isabelle Balkany a été entendue sur le présumé emploi fictif d'un «mage»
POLITIQUE•Elle a été relâchée mais la personnalité du gourou interpelle...Journaliste afp
Un « mage » à Levallois-Perret. C’est sur l’emploi de cet homme présenté par Mediapart comme « son medium personnel » qu’Isabelle Balkany a été placée en garde à vue mercredi puis relâchée dans le cadre d’une enquête sur des soupçons d’emploi fictif à la mairie de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), selon des sources de l’AFP.
Qui est le Mage ?
En juillet 2012, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour détournement de fonds publics. L’enquête porte notamment sur l’emploi à la mairie de Levallois-Perret entre 2006 et 2010 d'une personne surnommée « le Mage », qui aurait des talents de magnétiseurs mais surtout connu pour avoir été l’un des gérants de fait du cercle de jeux Wagram à Paris. Or, en novembre 2013, un procès a révélé la mainmise du banditisme corse sur le cercle de jeux et son gérant a écopé d’une condamnation à deux ans de prison en novembre 2013.
Préparateur mental en vue des JO
Les audiences avaient révélé la personnalité de cet homme, à qui certains prêtent des pouvoirs divinatoires et qui passe pour le gourou de nombreuses vedettes ou décideurs et personnalités politiques. Or, s’il est soupçonné d’avoir occupé un emploi fictif à la mairie de Levallois où Isabelle Balkany est la première adjointe, c’est justement parce que la justice a établi qu’à la même époque il tenait un « rôle assez essentiel » au cercle Wagram, rapporte Mediapart (lien payant).
Dans ce dossier sur des soupçons d’emploi fictif, aucune personne n’a été mise en examen, a précisé la source judiciaire à l’AFP mais la personnalité du « Mage » interpelle. Cet ancien éducateur a été embauché en tant que responsable de La Ruche, structure communale pour l’enfance (de 2006 à 2008), puis détaché au Levallois Sporting Club (de 2008 à 2009) où il devait s’occuper… de la préparation mentale des athlètes en vue des JO de 2010. Or, après enquête, les policiers ont recueilli plusieurs témoignages mettant en doute la réalité de son emploi.
La bise à Hollande, le coup de pouce à Dati
A Mediapart, il explique : « En 2009, alors que j’avais demandé à partir à la retraite, Jean-Pierre Aubry (le président du club et bras droit de Patrick Balkany) m’a proposé de me positionner sur le pôle olympique qui était en train de se créer. Il savait que j’avais travaillé avec des handicapés et il m’a dit que ce serait bien que je m’occupe du côté psychologique parce que j’ai tous les diplômes pour travailler avec des déficients intellectuels. En plus, ma sœur avait été en équipe de France d’athlétisme et je l’avais déjà coachée. »
Aux enquêteurs, assure Mediapart, il a reconnu avoir obtenu son emploi « par piston ». Ce serait Jean-Claude Darmon, réputé pour son rôle dans le foot français, qui aurait joué le rôle d’entremetteur, selon Jean-Pierre Aubry, ce qu’il dément. Ce qui est sûr, c’est qu’il est un homme de réseaux. Il affirme aussi qu’en 2006, il ne connaissait pas les Balkany et que d’ailleurs, s’il connaît des « gens de droite, mais ce n’est pas mon bord politique ». Il a d’ailleurs adhéré au PS « il y a 4/5 ans mais c’était pour faire plaisir », était au meeting du Bourget, et aurait fait la bise à François Hollande lors d’un de ses déplacements pendant la campagne à La Seyne-sur-Mer. Mais il a aussi aidé, dans ses activités de « mage » Rachida Dati en mars 2012 pour qu’elle obtienne une investiture aux législatives. En vain.