VIDEO. Autoroutes gratuites le week-end: Ségolène Royal, un couac à réactions
POLITIQUE•Pour certains, les commentaires sont «excessifs»...Maud Pierron
Sa liberté de parole, elle l’a toujours revendiquée. Ségolène Royal s’est faite recadrer par Matignon après avoir signifié qu’elle souhaitait une baisse des tarifs autoroutiers, voire une gratuité le week-end. Immédiatement, Matignon a jugé «inenvisageable» cette option et les écologistes, qui, par ailleurs, ont voté quasi à l’unanimité la loi de transition énergétique de Ségolène Royal, ont critiqué ce choix peu écologique en faveur du transport routier. A droite, on a carrément moqué la ministre de l’Ecologie avec un Christian Jacob proposant des «pâtisseries gratuite le week-end» quand des éditorialistes s'en sont donnés à coeur joie.
Tellement 2007...
Mais finalement, c’est peut-être du PS que les critiques ont été les plus rudes. Cette déclaration n’a «pas été travaillée», a lâché Bruno Le Roux, Frédéric Cuvillier, ex-secrétaire d’Etat aux Transports, a parlé de «spontanéité créative» avant de tacler: «Il vaut mieux avoir une idée qui est réfléchie avant que d’avoir une idée et réfléchir après!». Delphine Batho, ex-ministre du Logement, a expliqué que son ex-mentor a «parlé avec beaucoup de légèreté».
Des critiques sur le thème de l’incompétence et l'impréparation qui rappellent celles que Ségolène Royal essuyait lors de sa campagne de 2007 alors que jusque-là, elle passait plutôt pour l’une des «sages» du gouvernement, une «bonne élève». «Quand on est ministre d’un secteur, il faut faire attention à ce qu'on dit. Mais il y a de la sur-réaction sur sa déclaration, d’autant qu’elle a pris beaucoup de précaution dans sa manière de s’exprimer. C’est excessif, une tempête dans un verre d’eau», analyse un ministre. Un socialiste tance toutefois «si les critiques ressemblent à 2007, c'est qu'elle est retombée dans ses travers, elle a une intuition, elle l'a dit, sans prévenir».
Le vote de sa loi éclipsé
Dans son entourage, on avance le «deux poids deux mesures», avec d’un côté une Ségolène Royal sur qui tout le monde tomberait alors qu’elle s’attaque «au lobby des autoroutes» alors qu’Emmanuel Macron, «c’est une boulette tous les deux jours». D’ailleurs, parie-t-on, même si beaucoup crient aujourd’hui à «la démagogie, on arrivera au bout des négociations à une solution proche de ce qu’a dit Royal car elle aura ouvert le débat».
Mais il en faudrait plus pour ébranler Ségolène Royal, défendant toute la journée de mardi son «bon sens» quand la Cour des comptes comme l’Autorité de la concurrence dénoncent la «rente» des sociétés concessionnaires d’autoroutes, et lâchant même en fin de journée sur BFMTV: «si on ne peut plus rien dire, c’est un problème». La ministre peut se targuer d'être une des seules ministres à avoir une bonne image dans l'opinion, avec 54% des sondés qui jugent qu'elle fait du bon travail à l'Ecologie et 45% ont une bonne opinion d'elle, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien.
Reste que la ministre de l’Ecologie s’est tirée elle-même une balle dans le pied car la polémique sur les autoroutes a éclipsé le vote à une large majorité de sa loi de transition énergétique. Une loi y compris votée par tous les députés écologistes à l’exception de Noël Mamère. Un fait assez rare désormais pour un texte gouvernemental qui aurait dû être souligné.