POLITIQUEGouvernement: Le casse-tête du budget

Gouvernement: Le casse-tête du budget

POLITIQUECe troisième budget s'avère à hauts risques entre la pression de Bruxelles et d'une partie de la gauche...
Maud Pierron

M.P.

Encore un exercice de haute voltige pour le gouvernement dont le projet de loi sur le budget 2015 est examiné à partir de mardi à l'Assemblée. Le gouvernement devra naviguer entre deux écueils: un front intérieur menaçant notamment avec les critiques des frondeurs, des écologistes et l’ultimatum des derniers alliés des radicaux de gauche; et une pression extérieure, celle de la Commission européenne, qui semble juger que le gouvernement ne va pas assez loin ni assez vite pour rétablir les comptes.

Sous l'oeil de Bruxelles

Construit sur l'hypothèse d'une croissance de 1%, le budget prévoit une baisse d'impôts, des économies massives et un déficit public en légère baisse à 4,3% du Produit intérieur brut, très éloigné des engagements successifs du gouvernement devant la Commission européenne de retomber sous les 3%. Ce qui pourrait amener Bruxelles à rejeter le budget français. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a estimé la semaine dernière que France ne devrait pas bénéficier d'un nouveau délai. «On leur a donné deux ans et la question est: "comment ont-ils utilisé ce temps?" Pour être tout à fait franc, je crois qu'ils n'ont pas utilisé» ce délai pour des réformes, avait-il déclaré. Ce à quoi Manuel Valls avait rétorqué que les partenaires européens devaient «respecter la France. (…) C’est nous qui décidons du budget».

Mais les allers-retours sur une éventuelle réforme de l’assurance chômage ont été interprétés comme un signe envoyé à Bruxelles de la bonne volonté de la France de mener des réformes structurelles. Une polémique qui a hérissé une partie de la majorité socialiste et de la gauche qui étaient déjà peu disposée à voter en faveur d’un texte dont ils réclament toujours une inflexion sur l’orientation.

Et maintenant, le PRG menace...

Jean-Marc Germain, l’un des leaders des frondeurs, a récemment affirmé qu'«en l'état» il ne voterait pas le projet de loi. Ils étaient 31 à s’abstenir sur le vote de confiance de Manuel Valls en septembre, combien seront-ils cette fois à ne pas voter le budget? Du côté d’EELV, le parti s’est prononcé contre ce budget mais n’a pour autant donné aucune consigne de vote. Cécile Duflot a toutefois dit qu’elle ne le votera pas car «ce budget ne correspond pas à ce pour quoi les gens ont voté pour François Hollande en 2012». Et le gouvernement est confronté à une nouvelle fronde: celle des radicaux de gauche qui menacent de quitter le gouvernement si certaines mesures du projet de loi ne sont pas abandonnées.

Si cette menace aurait pu passer pour anecdotique il y a quelques mois, le PRG est aujourd’hui en bonne position pour négocier, puisqu’il est désormais le dernier allié du Parti socialiste. Et son groupe parlementaire à l’Assemblée qui, jusque-là, a voté toutes les lois ou presque, est la soupape de sécurité qui permet au gouvernement de laisser les frondeurs fronder. Une soupape indispensable maintenant que la majorité s’est rétrécie mois après mois. Pour autant, un parlementaire proche de Manuel Valls assure, avec optimisme, que «les budgets (de l’Etat et de la Sécurité sociale) vont passer sans coup férir».