Sénat: Comment peut-il retrouver de la voix?
POLITIQUE•La Chambre haute est régulièrement critiquée sur son utilité...T.L.G.
Il serait conservateur, âgé, coûteux, machiste. Le Sénat est régulièrement la cible de ses détracteurs. Selon un sondage Ifop pour Ouest-France, seule la moitié des Français considère d'ailleurs qu’il joue un rôle important dans la vie politique, alors qu'ils étaient 67%, il y a encore trois ans. Au lendemain d’une nouvelle élection dans la Haute Assemblée se pose déjà la question de sa survie. Le Sénat est menacé «de disparition» s’il ne parvient pas à prouver son «efficacité», s'est alarmé lundi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, parlant d'une «campagne de dénigrement». Comment le Sénat pourrait-il redorer son blason? 20 Minutes fait le point.
Retrouver un président charismatique
Le président du Sénat est le troisième personnage de l’Etat. En cas de «vacance» du président pour «quelque cause que ce soit » ou «d’empêchement », il doit assurer l’intérim, selon l’article 7 de la Constitution. Pendant trois ans, c’est le socialiste Jean-Pierre Bel qui a incarné la fonction. Sans coups d’éclat médiatique. «Jean-Pierre Bel est un président fantomatique. Avec lui, le Sénat est passé sous les écrans radars!», accusait son prédécesseur Gérard Larcher au JDD.
«En septembre, le sujet, ce ne sera pas l’alternance, mais à quoi sert le Sénat?», anticipait le sénateur UMP. Il est l’un des trois candidats de la droite, avec Jean-Pierre Raffarin et Philippe Marini, à briguer la présidence du Sénat. Tous promettent de combattre l’exécutif. «L’avenir du Sénat passe par un rapport de force républicain avec le président de la République», assure Jean-Pierre Raffarin. La Chambre haute aura pour mission de «préparer une majorité d’alternance» pour 2017, souligne de son côté Gérard Larcher.
Etre une caisse de résonance de l’opposition
Avec le basculement à droite, le Sénat se retrouve dans l’opposition. Première conséquence: le ralentissement du travail législatif. La droite pourra modifier les textes de loi venus de l’Assemblée et pousser la majorité à faire d’éventuels compromis. Dans l’opposition, il pourrait ainsi retrouver de la vigueur, mais son impact restera limité, le dernier mot revenant toujours aux députés. Le Sénat «va être dans une stricte opposition et freiner le travail parlementaire. Il jouera son rôle, ce qui sera plus intéressant, mais plus fatigant», résume au Monde un ministre.
La droite maîtrise désormais une partie de l’agenda parlementaire. Elle pourra dès lors imposer ses débats politiques et espérer faire revenir les caméras dans l’enceinte du Palais du Luxembourg. «Je souhaite que le Sénat incarne les valeurs et les propositions que porte l'opposition et qu'il s'empare également des grandes questions de société, comme la fin de vie», expliquait Gérard Larcher au JDD cet été.
Se réformer?
Pourtant, difficile de casser l’image négative. Les dernières élections ont montré que la révolution n’était pas à l’ordre du jour: 261 hommes pour 87 femmes (25%), un âge moyen de 61 ans (contre 62 en 2011). Le Sénat doit-il passer par une réforme pour redorer son blason? Le collectif de députés socialistes, «Cohérence socialiste», le pense. Il propose de le transformer «en conseil des régions», sur le modèle italien. Les sénateurs seraient élus à la proportionnelle, au scrutin direct, et réduits au nombre de 100. «Une réforme ambitieuse du Sénat permettrait de réduire le fossé qui se creuse entre les Français, les hommes politiques et les institutions», avance Alexis Bachelay.
Autre possibilité: la fusion du Sénat avec le Conseil économique et social. Reconnaissant que «beaucoup de pays réfléchissent, avec les crises de représentation que l'on connaît, au rôle d'une deuxième chambre», le secrétaire d'Etat Thierry Mandon a avancé cette idée, précisant toutefois que ces réflexions ne s'inscriraient pas dans le cadre du quinquennat.