Elections sénatoriales 2014: Les cinq points à retenir du scrutin
POLITIQUE•Majorité absolue pour la droite républicaine, une grande première pour le Front national…Les principaux enseignements de ces élections sénatoriales…Anne-Laëtitia Béraud
Sans suprise, le Sénat a basculé à droite à l’issue du renouvellement de la moitié des sénateurs. Quels gains pour la droite républicaine et pour le FN? Pourquoi la gauche minimise-t-elle la défaite? 20 Minutes vous liste les principaux enseignements à retenir de cette élection.
Troisième claque pour la gauche depuis le début de l’année
Les élections intermédiaires sont toujours considérées comme défavorables à la majorité au pouvoir. Ces sénatoriales n’ont pas fait exception, après les municipales et les Européennes. Alors que le Sénat était à gauche depuis 2011, la droite républicaine a obtenu la majorité absolue. Dimanche soir, les responsables socialistes se sont succédé pour minimiser la défaite. «On nous annonçait une Bérézina, elle n'est pas là», a estimé Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PS. Avant d’ajouter que «la gauche résiste».
>> Quelles pertes, quels gains pour la droite et la gauche? Voir en un clin d’œil la répartition des sièges au Sénat, dans l’infographie ci-dessous
Pour l’UMP, la reprise du Sénat par la droite signifie «le rejet de la politique de François Hollande». Le parti d’opposition compte faire de cette chambre une épine dans le pied de l’exécutif. En effet, le Sénat a la capacité de ralentir et emberlificoter les textes de lois soumis aux votes des parlementaires.
>> Toutes les réactions politiques, ce lundi matin
Les symboles de la défaite
Plusieurs candidats phares de la majorité -PS et ses alliés- ont perdu dimanche. L’ami personnel de François Hollande, Bernard Combes, maire de Tulles et conseiller à l’Élysée, a été balayé par les candidats UMP en Corrèze.
Le président du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet, allié au PS au sein du gouvernement, a été battu dans le Tarn-et-Garonne. C’est un séisme politique dans ce département, mais aussi une défaite personnelle cuisante: l’élu a été devancé par un candidat ex-PRG devenu dissident. Deux ex-ministres de François Hollande, Anne-Marie Escoffier (Aveyron) et Thierry Repentin (Savoie) sont également éjectés.
>> Les raclées de certains candidats de gauche, à lire ici
Le Front national entre, pour la première fois, au Sénat
Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le parti frontiste entre au Sénat. Deux élus FN, David Rachline et Stéphane Ravier, ont été élus dans le Var et les Bouches-du-Rhône. Marine Le Pen a qualifié ce succès d’«historique». Contrairement à la ligne du parti, les deux frontistes vont cumuler leurs mandats: Alors que Stéphane Ravier est conseiller régional et maire du 7e secteur de Marseille, David Rachline, est conseiller régional et maire de Fréjus. Ce lundi matin, David Rachline a annoncé sur Europe 1 qu'il abandonnerait ses fonctions de conseiller régional.
Si cette entrée du FN au Sénat est une première, grâce à une multiplication par quatre de ses voix parmi les grands électeurs du sud, elle est avant tout symbolique. Les sénateurs, non-inscrits, auront peu de marge de manœuvre pour faire entendre leur voix. Cependant, le parti souhaite capitaliser sur ces deux victoires pour préparer les élections départementales et régionales de 2015.
La remise en cause du Sénat
Alors que les responsables socialistes ont minimisé la défaite de dimanche soir, le socialiste Laurent Fabius est allé plus loin. Le ministre des Affaires étrangères, invité du journal de France 2, a jugé: «Je ne suis pas sûr que le rôle du Sénat conduise à changer les choses, et, en tout cas, pas dans la vie quotidienne des gens».
>> Pensez-vous le Sénat utile? Devrait-on le maintenir, ou au contraire le supprimer? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous.
Un dénigrement du Sénat sur lequel revient Jean-Pierre Raffarin ce lundi. L’ancien Premier ministre UMP, qui brigue la présidence de la Haute assemblée, s'est dit frappé par «une remise en cause très forte du Sénat dans cette campagne» des sénatoriales. Sur BFMTV et RMC, le sénateur a lancé: «Il faut vraiment que le Sénat ait conscience que son avenir est aujourd'hui en jeu, que le Sénat est menacé de disparition s'il n'est pas capable de réaffirmer son efficacité».
Vers un match Larcher-Raffarin pour le «plateau»
Après avoir remporté la Haute assemblée, les sénateurs de droite se préparent à arbitrer une nouvelle bataille, celle pour la présidence du Sénat. Elle doit se résumer à une réédition de l'affrontement de 2008 entre les UMP Jean-Pierre Raffarin et Gérard Larcher. En position d’outsider, figure le sénateur Philippe Marini.