Conférence de presse: François Hollande peut-il reconquérir l'opinion?
POLITIQUE•Entre l'affaire Thévenoux, le livre de Valérie Trierweiler, son impopularité record ou encore le chômage de masse, les difficultés s'accumulent pour le président...Thibaut Le Gal
Cela ressemble à une mission impossible. François Hollande donne jeudi sa quatrième conférence de presse semestrielle. La première étape d’une reconquête de l'opinion publique?
Entre l'affaire Thévenoux, le livre de Valérie Trierweiler, son impopularité record ou encore le chômage de masse, les difficultés s'accumulent, depuis quelques semaines, au-dessus de la tête chef de l’Etat. Pourtant, «il ne sera pas dérangé par les circonstances. C’est un exercice dans lequel il est très doué, très à l’aise», souligne le spécialiste en communication et président-fondateur de MCBG Conseil, Philippe Moreau-Chevrolet. «Il en a fait un rituel, une marque de sa carrière politique». «L’exercice réussit plutôt au président de la République», abonde-t-on à l’Elysée.
Soigner la com'
Son équipe sait l’importance du rendez-vous. La conférence a été repoussée d’une heure (17 heures), «pour trouver un bon équilibre entre les audiences télévisées plus fortes aux abords du journal télévisé de 20 heures et le bouclage des journaux». Fini les couacs, la forme sera soignée. Léchée, même, jusqu’au pupitre. Plus grand, plus solide que celui du dernier rendez-vous [14 janvier], qui avait menacé de s’effondrer.
Le président devra se montrer tout aussi solide pendant près de deux heures, face aux questions des 350 journalistes de la presse française et étrangère. «Le problème, c’est qu’il s’adresse aux Français par journalistes interposés, le message est dilué et a moins d’impact. Ce n’est pas très efficace politiquement», prévient Philippe Moreau-Chevrolet.
Le chef de l’Etat dressera «un bilan rapide avant de fixer les perspectives de travail de l’exécutif pour les prochains mois et de les inscrire en perspective dans la deuxième partie du quinquennat», indique son entourage. La prise de parole intervient deux jours après le vote de confiance obtenu mercredi par Manuel Valls à l’Assemblée. «Le temps est maintenant donné pour changer les choses», a-t-il confié à ses ministres mercredi.
Une annonce forte?
Mais sans annonce forte, l’exercice pourrait tourner à vide. «Pour renouer le lien cassé avec les Français, il doit surprendre. Aller vers l’inattendu avec une réforme institutionnelle de la Ve république, un référendum, voire une dissolution. Seule une annonce de cette ampleur peut inverser la situation», insiste Philippe Moreau-Chevrolet. «S’il part sur une analyse technique, dans un détail des mesures, on pensera: Valls est meilleur que lui».
Pour les annonces, rien n'est moins sûr. «Ce n’est ni obligatoire, ni interdit», lâche prudemment un conseiller. Autre possibilité: «Donner un discours de vérité à dimension historique. Dire "je comprends la gravité de la situation. Je sais que je suis extrêmement impopulaire mais voilà ou je veux vous emmener, voilà ma vision, voila mon plan"», ajoute le spécialiste en communication.
Meilleur au pied du mur?
Un conseiller assure: «Il prépare sa conférence de presse avec ténacité, combativité et pugnacité et a la volonté d'utiliser chaque minute de son quinquennat pour faire avancer son pays». François Hollande peut se souvenir d'une solitude comparable. Distancé dans les sondages pour la primaire socialiste en 2011, l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste est méprisé. «Monsieur 3%» fait le dos rond. En attendant sa chance. Quelques mois plus tard, il est élu candidat, puis président de la République.
Peut-on imaginer même scénario pour redorer son image? «Lors de son discours à l’île de Sein, il a refusé d’être protégé par un parapluie. C’est une nouvelle fois l’image du président qu’il abîme», déplore Philippe Moreau-Chevrolet. Bonne nouvelle pour François Hollande: Au chaud, dans les locaux de l’Elysée, il sera bien au sec.