POLITIQUEA Fréjus, le FN mobilise ses jeunes mais exclut une journaliste

A Fréjus, le FN mobilise ses jeunes mais exclut une journaliste

POLITIQUELe patron des jeunes du FN, Julien Rochedy, a déclaré que «Mediapart ne rentre pas dans les manifs du Front depuis très longtemps, depuis que Mediapart a boycotté le FN à la présidentielle»...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Plus que jamais portés par les sondages, les responsables du FN ont invité samedi à Fréjus (Var) leurs jeunes troupes à devenir «une armée de militants» pour 2017, au cours d'une journée marquée par l'exclusion d'une journaliste de Mediapart.

Être vu comme un parti prêt à gouverner, c'est l'objectif de l'automne pour le parti, et un sondage Ifop pour le Figaro dévoilé vendredi ne pouvait donc être qu'une aubaine. Cette étude donne en effet Marine Le Pen en tête quel que soit le scénario au premier tour de la présidentielle 2017, et en mesure de battre François Hollande au second tour -elle y serait toutefois mise en échec aussi bien par Nicolas Sarkozy, Alain Juppé que François Fillon. Mais comme l'a dit la présidente du FN lors de son discours de rentrée samedi 30 août à Brachay, «sans le courage du peuple, point de chef courageux».

A Fréjus, ville dirigée depuis mars par David Rachline, 26 ans, plus de 200 jeunes du Front national de la Jeunesse sont donc venus écouter les leçons de différents responsables du parti. «Nous n'arriverons pas au pouvoir seul, il faudra une armée de militants prête à encadrer le territoire», a exhorté Steeve Briois, maire-symbole d'Hénin-Beaumont, ville du Pas-de-Calais où il a été élu en mars au premier tour après un minutieux travail d'implantation.

La situation à Hayange? «Ca craint»

Au menu de la matinée, l'économie avec l'un des conseillers de Marine Le Pen, mais surtout l'implantation locale. Outre la défense de leur action, David Rachline, Steve Briois et Julien Sanchez (Beaucaire, Gard) ont livré leur recette pour réussir à devenir premier édile de leurs villes.

Proximité, présence et travail sur les sujets locaux ont été leurs maîtres-mots, alors que les dix maires FN élus en mars ont déjà fait l'objet de plusieurs polémiques liées notamment aux choix budgétaires, à la politique culturelle ou associative, tout en communiquant largement sur des baisses, substantielles ou tout juste symboliques, de la fiscalité.

Fabien Engelmann, maire FN de Hayange (Moselle) et conseiller de Marine Le Pen, accusé cette semaine par son ex-1re adjointe d'avoir omis de déclarer certaines dépenses de campagne, n'était pas présent. La situation dans cette ville? «Ca craint», a jugé un responsable FN. «Il y a une volonté de diviser la ville», a regretté un autre frontiste.

Journaliste exclue: «La refuser n'était pas nécessaire, nous n'avons rien à cacher»

Mais alors que le FN essaie de se poser comme un parti de gouvernement, l'après-midi a été marquée par l'exclusion d'une journaliste de Mediapart. «Je me suis fait éjecter au retour de la pause déjeuner. Le service de presse "a reçu des consignes en début d'après-midi de la direction". Ils m'ont sortie en me demandant de rendre mon autocollant presse, ils m'ont suivie pour le reprendre jusque sur la route», a affirmé Marine Turchi, qui avait pourtant pu assister à la session matinale.

Le patron des jeunes du FN, Julien Rochedy, a déclaré qu'«il y a eu un petit problème de coordination et d'organisation», expliquant que la journaliste avait pu rentrer le matin alors que «Mediapart ne rentre pas dans les manifs du Front depuis très longtemps, depuis que Mediapart a boycotté le FN à la présidentielle». La consigne vient-elle de la direction du FN? «Bien sûr», a-t-il répondu.

Plusieurs journalistes, dont ceux de l'AFP, du Monde, du Canard enchaîné, de L'Opinion, de L'Humanité et de RFI ont décidé en conséquence de ne pas couvrir la fin de cette journée de l'université d'été du FNJ, au cours de laquelle le trésorier du parti, Wallerand de St-Just, et l'un des vice-présidents, Florian Philippot, devaient s'exprimer. «C'est déjà bien qu'elle ait pu venir ce matin», a ironisé David Rachline.

«Je ne lis jamais ses articles mais il paraît qu'ils sont (...) systématiquement hostiles. Mais on ne laisse pas entrer quelqu'un le matin pour le refuser l'après-midi, c'est incompréhensible. La refuser n'était pas nécessaire, nous n'avons rien à cacher», a affirmé à l'AFP un autre responsable FN. La présidente du FN, Marine Le Pen, devait elle s'exprimer dimanche dans l'après-midi.