POLITIQUENajat Vallaud-Belkacem, cible d’attaques racistes et sexistes en pleine rentrée scolaire

Najat Vallaud-Belkacem, cible d’attaques racistes et sexistes en pleine rentrée scolaire

POLITIQUELe Premier secrétaire du PS dénonce une campagne de «pur racisme» tandis que le gouvernement réaffirme son soutien à sa ministre...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Unes agressives de journaux de droite et d'extrême droite, rumeurs sur son identité et tweets sexistes, critiques des antimariage gay... La nouvelle ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem polarise les attaques, en pleine rentrée scolaire.

Il y a «une volonté de déstabilisation dans un moment qu'on sait particulier», avec la généralisation contestée de la réforme des rythmes scolaires, a estimé mercredi la ministre. «Tout ça révèle le rapport compliqué que certains entretiennent avec la féminité, la jeunesse ou avec l'idée-même que ce pays soit composé de Français d'origines diverses. Pour eux, chacune de ces trois qualités est suspecte en soi, alors les trois en même temps, ça fait sans doute beaucoup.» Le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a été plus direct: cette «campagne», c'est «du pur racisme», a-t-il dénoncé.

«Il faudrait, pour accéder aux responsabilités, être homme, blanc et chrétien»

La dernière charge est arrivée par voie médiatique. «L'ayatollah. Enquête sur la ministre de la Rééducation nationale», titre ainsi en couverture l'hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles. De son côté, le journal d'extrême droite Minute, qui sera jugé fin septembre pour avoir comparé la ministre de la Justice Christiane Taubira à un singe, a récidivé en fustigeant la nomination d'une «Marocaine musulmane à l'Education», vue comme une «provocation».

Le PS a demandé une sanction «juridique» contre cette «incitation à la haine», tandis que la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) s'est dite «horrifiée» par cette couverture qui sous-entend qu'«il faudrait, pour accéder aux responsabilités, être homme, blanc et chrétien». Sur les réseaux sociaux, des attaques circulaient déjà sur les origines de cette Franco-Marocaine née au Maroc mais arrivée à quatre ans dans la Somme. Partagée sur Twitter, une fausse carte d'identité colporte la rumeur selon laquelle le véritable nom de Najat Vallaud-Belkacem serait «Claudine Dupont».

Si elle a assuré rester «assez distante» des «polémiques sans intérêt», «NVB» a pris le temps de répondre à ses détracteurs. A Minute, l'ex-ministre des Droits des femmes a répondu par une citation de l'humoriste Pierre Desproges: «C'est beaucoup plus économique de lire Minute que d'acheter Sartre car pour le prix d'un journal, vous avez à la fois la nausée et les mains sales».

«Pur produit de la République»

Sur les spéculations autour de son patronyme, elle a dénoncé «l'ère de la rumeur» selon laquelle elle serait aussi «la fille d'un grand financier milliardaire». «Non, je suis la fille de mes parents», a grincé cette fille d'ouvrier qui se voit en «pur produit de la République» et exemple d'«intégration heureuse». Enfin, face aux opposants au mariage homosexuel de «La Manif pour tous» qui l'ont accusée dès sa nomination de prôner une prétendue «théorie du genre» à l'école, elle a ironisé sur sa «coupe de cheveux» qui «serait la preuve ultime» de ce qu'elle essaierait «de transformer les filles en garçons».

Première femme nommée rue de Grenelle, Mme Vallaud-Belkacem n'a pas échappé non plus aux réflexions sexistes. «Quels atouts Najat Vallaud-Belkacem a utilisés pour convaincre Hollande de la nommer à un grand ministère?», a lancé dimanche le conseiller municipal UMP de Neuilly-sur-Seine Franck Keller, accompagnant son tweet d'une photo de la ministre en robe courte. Il a depuis retiré son message. Face à cette avalanche de critiques, plusieurs responsables de droite ont pris leurs distances.

Najat Vallaud-Belkacem bénéficie en tout cas de «tout le soutien du gouvernement», a déclaré mercredi Stéphane Le Foll, porte-parole de l'exécutif, après le conseil des ministres. Et en premier lieu de celui de Matignon: Manuel Valls s'affichera jeudi à ses côtés dans une école primaire de Meurthe-et-Moselle. Alors que la ligne économique du Premier ministre est critiquée au sein de la majorité, il n'a pas perdu l'occasion de ressouder la gauche derrière cette ministre emblématique de son second gouvernement.