Remaniement du gouvernement: Son soutien à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon peut-il coûter sa place à Christiane Taubira?
PORTRAIT•La garde des Sceaux aurait félicité Benoît Hamon et Arnaud Montebourg alors qu’ils déclaraient n’être «pas loin des frondeurs»…Floriane Dumazert
Pour avoir soutenu Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, la garde des Sceaux est aujourd’hui sur la sellette.
Ce qu’elle faisait?
Voilà plus de deux ans qu’elle est garde des Sceaux. Christiane Taubira fait partie des poids lourds des gouvernements de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, à la tête de son ministère depuis le début de son quinquennat. Passée à travers les filets du remaniement post-élections municipales, la ministre de la Justice a pu continuer à mener ses réformes. Après avoir fait voter l’autorisation du mariage aux couples homosexuels, elle s’est attelée à un nouveau dossier tout aussi difficile: la réforme pénale.
Une réforme tellement délicate que l’étude au Parlement de celle-ci a été reportée en début d’année pour y être présentée après les élections municipales. Taxée de «laxiste» par l’opposition, pour vouloir supprimer les peines planchers et créer la «contrainte pénale» pour certains délits, Christiane Taubira s’attire aussi les foudres de ses collègues au sein même du gouvernement. A commencer par Manuel Valls, ancien ministre de l’Intérieur, devenu Premier ministre.
Sa position au gouvernement
L’été 2013 avait été explosif pour les deux ministres. En juillet, le ministre de l’Intérieur recevait l’avant-projet de loi sur la réforme pénale de Christiane Taubira. Mais après plusieurs réunions interministérielles, le ministre de l’Intérieur ne parvenait pas à se mettre d’accord avec sa collègue de la Justice. Sans l’en avertir, il avait alors demandé à François Hollande d’arbitrer, mettant sa collègue hors d’elle. Christiane Taubira avait estimé que Manuel Valls intervenait dans «un domaine qui ne ressort d’aucune façon aux compétences du ministère de l’Intérieur».
Et Manuel Valls n’est pas le seul à s’être opposé à la garde des Sceaux. En mai 2014, c’est François Hollande en personne qui a rappelé à l’ordre sa ministre. Christiane Taubira avait laissé voter en Commission des lois des amendements auquel le gouvernement s’opposait, notamment l’extension de la contrainte pénale à tous les délits. Le ministère de la Justice avait toutefois démenti un recadrage de la garde des Sceaux par le président de la République.
Puis ce dimanche, la garde des Sceaux a soutenu Arnaud Montebourg et Benoît Hamon à la Fête de la rose. Selon une journaliste de BFM, les ministres, qui ont déclaré n’être «pas loin des frondeurs», auraient reçu un message de soutien de Christiane Taubira. Un simple «bravo» qui pourrait lui faire perdre son ministère.
« Christiane Taubira a envoyé un message de soutien à Montebourg et Hamon. Elle leur écrit "Bravo!" #ministresfrondeurs — Apolline De Malherbe (@apollineWakeUp) 24 Août 2014 »
Et si elle part?
Alors qu’elle souhaitait voir les premières mesures de sa réforme mises en œuvre «avant juin 2014», la réforme pénale de Christiane Taubira a finalement réussi à la faire adopter par le Parlement à la mi-juillet, à l’issue de la commission mixte paritaire. Si elle quittait le gouvernement, la garde des Sceaux pourrait tout de même considérer son travail accompli, même si certaines mesures ont été abandonnées (à commencer par la réduction de peine pour les récidivistes, la suppression de la rétention de sûreté et celle des tribunaux correctionnels pour mineurs). Et même si une saisine du Conseil constitutionnel par ses plus farouches opposants est toujours possible.