CONGÉS DU GOUVERNEMENTRoselyne Bachelot: «Ministre, je n’ai jamais eu le sentiment d’être en vacances»

Roselyne Bachelot: «Ministre, je n’ai jamais eu le sentiment d’être en vacances»

CONGÉS DU GOUVERNEMENTAlors que les ministres s’apprêtent à prendre leurs congés, Roselyne Bachelot revient sur ces périodes estivales pas toujours propices au repos …
Propos recueillis par Floriane Dumazert

Propos recueillis par Floriane Dumazert

Le gouvernement prépare son départ en vacances. Du 4 au 18 août, les ministres sont invités à «se reposer». Mais la situation du pays ne s’y prête pas toujours, et les ministres sont parfois rappelés en urgence.

Roselyne Bachelot, ancienne ministre de François Fillon et Jean-Pierre Raffarin entre 2002 et 2012, se souvient de ses vacances gouvernementales pour 20 Minutes.

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Les vacances de ministre peuvent-elles être réellement reposantes?

Quand j’étais ministre, je n’ai jamais eu le sentiment d’être en vacances. D’abord parce qu’elles sont courtes, une quinzaine de jours. Ensuite parce qu’elles sont ponctuées d’activités liées à nos fonctions, et qu’il y a toujours la possibilité que Paris vous appelle en urgence.

Mes vacances étaient toujours structurées de la même façon. Les premiers jours, je donnais une interview au journal local. Ensuite, je faisais des déplacements liés à mes activités ministérielles. Lors de mes dernières vacances, en tant que ministre des Solidarités, j’ai goûté avec des personnes âgées dans un foyer de vacances. Tous les jours, j’ai ainsi distrait des personnes, dans le cadre de mon activité, et fait des discours à chaque déplacement.

Restiez-vous en contact régulier avec votre ministère pendant vos congés?

Il ne peut pas y avoir de vacance du pouvoir, alors le ministère ne ferme jamais. Quand le ministre est en vacances, son directeur de cabinet assure la gestion courante du ministère. Chaque jour de mes congés, je passais au moins une heure au téléphone avec mon directeur de cabinet, resté à Paris.

Et puis il faut penser à la signature des parapheurs ministériels. Tous les jours, un ministre signe plusieurs dizaines de parapheurs et j’ai toujours refusé de les signer sans avoir lu les documents. Alors on me descendait les parapheurs en voiture sur mon lieu de villégiature. J’ai parfois passé une journée entière de vacances à signer ces documents. Donc ce n’est pas possible de ne pas rester ministre en vacances.

Cette année, les ministres ne doivent pas partir à plus de 2h30 de Paris. Cette consigne est-elle vraiment nécessaire?

Il faut une règle puisque nous pouvons à tout moment être confrontés à une urgence. Le 31 décembre 2003, à 23 heures, j’ai dû prendre en charge l’affaire de l’usine Noroxo et de la légionellose. Heureusement que je n’avais pas décidé de passer le Réveillon on ne sait où. Un autre Noël, il y a eu cette erreur de perfusion dans un hôpital qui a coûté la vie à un enfant. Les catastrophes se produisent toujours pendant les congés.

Je restais donc en France, sur la côte basque, pour des vacances strictement familiales. C’était un souhait, et cela n’a jamais été un sacrifice de rester à une heure de Paris. Par contre, depuis que je ne suis plus ministre je prends de vraies vacances et je n’ai de comptes à rendre à personne. Mais je ne regrette pas cette période: quand vous êtes au service de l’Etat, c’est 365 jours par an.