JUSTICEAffaire des écoutes: Nicolas Sarkozy mis en examen pour corruption active

Affaire des écoutes: Nicolas Sarkozy mis en examen pour corruption active

JUSTICEIl n'est pas soumis à un contrôle judiciaire...
Philippe Berry

P.B. avec AFP

Coup de tonnerre dans le paysage politique français. Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi, notamment pour corruption active et trafic d'influence, une mesure choc au moment où son retour politique, avec une UMP en crise, semblait de plus en plus probable.

C'est le parquet national financier a officiellement annoncé la nouvelle à 2h30 du matin, après une garde à vue d'une quinzaine d'heures, une première pour un ancien chef d'Etat. L'avocat historique de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, et le haut magistrat Gilbert Azibert l'avaient précédé dans le bureau des juges qui leur avaient signifié leur mise en examen dans ce dossier.

Nicolas Sarkozy n'est pas soumis à un contrôle judiciaire. La corruption et le trafic d'influence sont des délits passibles de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison.

Promesse d'une mutation contre des informations?

Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de Gilbert Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco.

La Cour de cassation devait alors se prononcer sur la saisie dans l'affaire Bettencourt des agendas de Nicolas Sarkozy, susceptibles d'intéresser les juges enquêtant sur d'autres dossiers. Dans le dossier Bettencourt, Nicolas Sarkozy avait été mis en examen avant de bénéficier d'un non-lieu.

A l'origine de l'affaire qui vaut ces nouveaux déboires à Nicolas Sarkozy, son placement sur écoutes en septembre 2013 dans l'enquête sur les accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007.

Les coups de fil de «Paul Bismuth»

Dans ce dossier libyen, plusieurs de ses proches avaient d'abord été placés sur écoute: Claude Guéant, Brice Hortefeux, mais également Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale et ex-préfet de police de Paris. Les juges décident ensuite de placer Nicolas Sarkozy sur écoute, en particulier le téléphone qu'il utilise sous l'identité d'emprunt de Paul Bismuth pour converser avec Me Herzog. Or, des échanges entre les deux hommes peuvent laisser croire qu'ils ont cherché à obtenir des informations confidentielles auprès de Gilbert Azibert.

«Ces faits ne reposent que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue (...) Nous allons nous battre», a promis le conseil de Thierry Herzog, Me Paul-Albert Iweins.