Parlement européen: Quel avenir pour le FN sans groupe parlementaire?
POLITIQUE•Le parti de Marine Le Pen n’a pas réussi à sceller des alliances avec assez de partis pour former un groupe…E.O.
Le constat sonne comme un camouflet pour celui qui s’est autoproclamé premier parti de France à l’issue des européennes. Le Front national et ses 23 élus au Parlement européen ne siégeront dans aucun groupe parlementaire à Strasbourg, faute d’avoir réussi à mener des alliances.
Le FN n’a pas rempli toutes les conditions pour former un groupe, à savoir 25 élus de sept pays différents. Si le premier critère était largement validé, le parti de Marine Le Pen n’a réussi à rassembler autour de lui seulement quatre autres formations: le PVV (Pays-Bas), la Ligue du Nord (Italie), le FPÖ (Autriche) et le Vlaams Belang (Belgique).
«Cohérence politique»
Derrière cet échec politique, se dessinent les disparités existant entre les extrêmes droites européennes. Car un groupe d’euroseptiques appelé Europe, liberté, démocratie (EFD) va bien siéger au Parlement, autour de l’Ukip (Grande-Bretagne) de Nigel Farrage. Ce dernier a refusé de s’allier avec le FN, considérant début mai que «l’antisémitisme était dans l’ADN du FN». Mais son groupe est fragile: il a réussi à le constituer de justesse, en particulier grâce au ralliement de la dissidente frontiste Joëlle Bergeron, que le FN a tenté en vain de faire démissionner.
«Nous avons fait le choix de la cohérence politique (…). Nous privilégions la qualité à l’idée d’avoir un groupe pour simplement avoir un groupe», a défendu Florian Philippot, lui-même député européen et vice-président du FN, sur Europe 1. Sa formation a refusé de s’allier avec des partis comme les néo-nazis d’Aube dorée (Grèce) ou Jobbik (Hongrie). Et, pour ne pas froisser ses alliés néerlandais, le FN avait dû couper court aux discussions avec le KNP polonais dont le leader a tenu des propos pro-hitlériens pendant la campagne.
Pas de subventions
Les conséquences concrètes sont importantes pour le parti, qui échappe en premier lieu à une plus grande visibilité, d’éventuelles présidences de commissions ou de sous-commissions. Sur le plan matériel, le FN et ses alliés perdent l’occasion de recevoir entre 20 et 30 millions d’euros de subventions au cours des prochaines années. En revanche les élus, qui siégeront parmi les non-inscrits, peuvent présenter des amendements lors du travail en commission ou défendre des rapports en plénière, contrairement à ce qu’affirme Marine Le Pen. Seulement, rappelle l’AFP, la présidente du FN et les deux autres élus du FN n’ont jamais utilisé cette possibilité, lors de la législature précédente.
Le parti de Marine Le Pen n’estime toutefois pas la partie perdue. «Le principal est que nous soyons là», a indiqué Florian Philippot qui compte «peser pour faire des majorités afin de faire barrage aux transferts de souveraineté, par exemple». Le FN peut par ailleurs former un groupe en cours de mandature, si les circonstances le lui permettent finalement. «Nous y parviendrons dans une semaine, un mois ou deux. Je suis absolument convaincue que ce groupe existera à court terme», veut croire Marine Le Pen, dans un entretien accordé au Figaro.