UMP: La présidence du parti plutôt que la primaire?
POLITIQUE•«20 Minutes» vous explique pourquoi la présidence de l’UMP devient l’enjeu prioritaire des ténors de l’UMP...Anne-Laëtitia Béraud
A qui le tour? Déjà deux députés, Hervé Mariton et Bruno Le Maire, se sont déclarés ces derniers jours candidats à la présidence de l’UMP. François Fillon, qui jurait après le psychodrame de l’automne 2012 n’avoir aucun intérêt pour la direction du parti, a affirmé mercredi que «rien n’est exclu». Alors que l’UMP a tout juste officialisé sa direction provisoire jusqu’au grand congrès de novembre, la course à la présidence du parti semble s’accélérer.
Quel sera le prochain candidat à se lancer pour la tête de l’UMP? François Baroin, comme l’a souhaité dimanche Xavier Bertrand, affirmant que l’ancien ministre «rendrait réponse dans les jours qui viennent»? Xavier Bertrand lui-même, qui est déjà candidat à la primaire à droite de 2016? Nathalie Kosciuko-Morizet, installée depuis les municipales dans son rôle d’opposante à la Mairie de Paris? Voire Nicolas Sarkozy, qui a présidé l’UMP il y a dix ans, et dont le cercle de fidèles n’attend qu’une parole pour battre le rappel des troupes?
«Couper l’herbe sous le pied des concurrents»
Cet intérêt pour la tête de l’UMP est nouveau. En effet, bien peu étaient intéressés par le poste jusqu’à l’affaire Bygmalion et la démission spectaculaire de Jean-François Copé. Mais la donne a changé. Plus que la primaire de 2016, c’est désormais la présidence de l’UMP, fixée à l’automne, qui titille les ambitions.
Les raisons de cet intérêt soudain sont multiples. «Se lancer permet aux candidats déclarés de couper l’herbe sous les pieds des concurrents», explique le politologue Emmanuel Saint-Bonnet, qui qualifie cette période de «course à l’échalote». «Cela presse également Nicolas Sarkozy à sortir du bois et préciser ses intentions, car il ne pourra pas rester longtemps dans sa réserve lors de cette campagne», ajoute-t-il.
«Faire sortir du bois Nicolas Sarkozy»
Prendre la tête du parti aidera aussi le nouveau président (ou la nouvelle présidente) à asseoir son «leadership» à droite, et «bénéficier d’une tribune», selon Emmanuel Saint-Bonnet. Et à disposer des précieux fichiers des militants, qui avaient été l’un des objets de la lutte entre François Fillon et Jean-François Copé à l’automne 2012. Mais aussi à assurer la tenue d’une primaire qui ennuie tant les amis de Nicolas Sarkozy, qui souhaitent que leur champion revienne sans passer par cet obstacle. Et, pourquoi pas, virer en tête dans la perspective de 2017.
«Cette période qui s’ouvre et l’escalade prévue n’est pas bonne pour l’UMP, car elle va enclencher une nouvelle guerre des chefs qui désole les militants», avertit Emmanuel Saint-Bonnet. Avant de conclure: «Nous ne sommes qu’au début du processus. Après la multiplication des candidatures, il va y avoir une clarification et des alliances, avec la création de tickets» entre des candidats.