L'intérim pour la direction de l'UMP se précise ce mardi, alors que les ténors du parti sont réunis depuis 18h en bureau politique. A la demande du triumvirat constitué des trois anciens Premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, Luc Chatel a accepté d'assumer «un rôle opérationnel» au sein de l'UMP, a appris 20 Minutes d'un proche de François Fillon.

Luc Chatel serait proposé comme secrétaire général de l'UMP, ont indiqué des sources concordantes à l'AFP. Parallèlement à la direction du triumvirat des anciens Premiers ministres, Luc Chatel serait chargé d'«administrer le parti au nom et avec le triumvirat», a-t-on précisé de mêmes sources.

Au coeur des querelles à l'UMP

Jusqu’ici très discret alors que sa formation est secouée par les soubresauts de l’affaire Bygmalion, Luc Chatel se retrouve au coeur des actuelles querelles de l’UMP. Plusieurs personnalités sarkozystes réclament depuis des jours que Luc Chatel, pourtant démissionnaire, prenne la direction du parti. Ce qui assurait un bureau politique des plus toniques ce mardi…

Proche de Jean-François Copé, Luc Chatel peut compter sur le soutien sans faille de Nadine Morano ou de Claude Guéant. Mais qu’on ne s’y trompe pas: ces sarkozystes historiques ne voient pas seulement dans la solution Chatel l’occasion de respecter les statuts du parti; ils y voient aussi le moyen de donner un peu de temps supplémentaire à l’ancien chef de l’Etat.

Soutien des sarkozystes

Avec à la tête de l’UMP un Luc Chatel dénué d’ambition présidentielle, Nicolas Sarkozy pourrait préparer plus sereinement un éventuel retour. Lequel passerait par la prise de l’UMP en octobre, puis une transformation du parti: peut-être un nouveau siège, un nouveau nom, comme le suggère Nathalie Kosciusko-Morizet, ou de nouveaux statuts. En bref, (re) faire de l’UMP une rampe de lancement personnalisée pour 2017. Une tâche nettement moins aisée en cas d’intérim assuré notamment par Alain Juppé et François Fillon, qui se verraient bien eux aussi candidats à l’Elysée dans trois ans…

L’intéressé, lui, n'a rien dit. Tout juste a-t-il appelé à «l’apaisement», le 1er juin, et s’est-il retranché derrière la «solution juridique» à trouver.

« Le BP trouvera le 10/06 avec la haute autorité de l’UMP la solution juridique de sortie de crise politique. D’ici là impératif d’apaisement! — Luc CHATEL (@LucChatel) June 1, 2014 »

Ce point juridique est au coeur des débats lors du bureau politique de ce mardi soir. Anne Levade, la juriste qui préside la Haute autorité de l’UMP, devrait donner son éclairage en début de séance. Mais la solution juridique ne donnera pas forcément la solution politique. «S’il y a besoin d’une personnalité juridique» à la tête du parti, «je fais confiance au triumvirat pour la trouver» et à cet égard, «Luc Chatel semble faire l’unanimité», a ainsi déclaré dans la journée Christian Jabob, le chef de file des députés UMP, sous-entendant que «Chatel» et «triumvirat» n’étaient pas des termes incompatibles.