POLITIQUEL'UMP toujours en eaux troubles après la démission de Copé

L'UMP toujours en eaux troubles après la démission de Copé

POLITIQUELe départ du président de l'UMP décidé mardi dernier n'a finalement pas ramené le calme dans la maison bleue...
Maud Pierron

Maud Pierron

«Plus personne ne sait où on en est, c’est le flou total», balance pour seule réponse un dirigeant de l’UMP, sollicité pour expliciter les crispations autour du nouveau triumvirat qui dirige l’UMP, Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin après la démission de Jean-François Copé. Et comme l’a popularisé la grand-mère de Martine Aubry, quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Et le loup a été levé dimanche par Nadine Morano dans un entretien au Parisien dans lequel elle pilonne «l’illégalité» du trio, relayée ensuite par Claude Guéant.

Une attaque des sarkozystes? «Ce n’est pas une question de personne mais une question de droit. Il ne faut pas avoir fait l’ENA pour comprendre que juridiquement, cette décision ne tient pas. Les statuts prévoient qu’en cas de démission, le vice-président délégué du parti préside, soit Luc Chatel», insiste auprès de 20 Minutes Nadine Morano.

«J’ai démissionné à l’insu de mon plein gré»

Sauf qu’il n’y a pas que Jean-François Copé qui a démissionné la semaine dernière, toute la direction l’a été. Même Luc Chatel. Un point que conteste pourtant Nadine Morano. «C’est faux. J’y étais à ce bureau national, c’était le foutoir, et ce n’est pas parce que quelqu’un décrète qu’on démissionne que c’est acté. Je suis déléguée générale en charge des élections et je ne suis pas démissionnaire», insiste-t-elle.

Un point de vue partagé par d’autres. «Est-ce que j’ai démissionné? Je ne crois pas mais ce n’est pas très clair, s’il le faut pour l’intérêt général, je le ferai», explique Camille Bedin. «La démission collective a été actée un peu comme au temple solaire, en fait, plaisante Thierry Mariani, ex-vice président de l’UMP. On va dire que j’ai démissionné à l’insu de mon plein gré. On est de fait dans une nouvelle situation de crise». Et le leader de la Droite forte d’insister: «On est effectivement dans la plus totale illégalité. Mais ce trio, c’est la meilleure solution politique et la plus mauvaise sur le plan juridique».

Habiller juridiquement la prise de pouvoir

Contacté par 20 Minutes, Luc Chatel n’a pas souhaité s’exprimer mais son entourage affirme qu’il «a démissionné comme la totalité de la direction de l’UMP. Il ne s’exprimera pas tant que les choses ne seront pas claires».

Probablement pas avant le 10 juin donc, et la tenue d’un nouveau bureau politique statutaire, puisque celui prévu mardi a été décalé car Alain Juppé ne pouvait s’y rendre. Encore une grosse semaine donc, qui laisse la place à toutes les turbulences, aux manœuvres des uns et des autres et surtout des absents si présents, mais permet aussi d’habiller juridiquement et de définir la forme de ce que certains désignent comme l’«auto-proclamation du trio».

Pourtant, le triumvirat a tenté d’apaiser ce lundi les craintes des uns et des autres. Sur son blog, Jean-Pierre Raffarin a répondu en quatre points à Nadine Morano, expliquant que «la démission de toute la direction rendait les statuts inapplicables» et en affirmant que «la compatibilité de la solution politique avec nos statuts doit être trouvée avec le concours de la Haute autorité [du parti]».

Pessimisme VS optimiste

Sur son blog également, Alain Juppé a posé deux conditions à sa participation à la direction: «Que la décision ne soit pas source de division mais soit prise de manière consensuelle; que ce groupe ait les moyens d’organiser le fonctionnement de l’UMP sur des bases administratives et financières clarifiées». Même Jean-François Copé semble finalement s’interroger et a fait appel lundi après-midi à la Haute autorité de l’UMP «afin d’éclairer ses membres sur le cadre statutaire qui s’impose à lui», et au triumvirat en premier lieu.

Contactée par 20 Minutes, Anne Levade, la juriste qui préside cette Haute autorité, assure qu’elle sera «simplement auditionnée pour présenter le cadre statutaire dans lequel l’élection du président sera organisée à l’automne». Et non, donc, sur la légalité de la future nouvelle direction.

Déjà, une militante a annoncé qu’elle allait déposer un recours devant le tribunal administratif contre la nouvelle direction. Ce qui arrache un sourire à Thierry Mariani, qui raconte sa blague préférée: «Vous connaissez la différence entre un pessimiste et un optimiste? Le premier dit: "Ça ne peut pas aller plus mal à l’UMP". L’autre répond: "Mais si! Mais si!"».