Crise à l’UMP: L’avenir de la droite est-il au centre?
POLITIQUE•Alors que l’UMP est en crise, les appels du pied se multiplient pour un rapprochement avec le centre…Anne-Laëtitia Béraud
L’UMP à la peine pour reconquérir le cœur des électeurs. Après le résultat français de l’élection européenne, dimanche soir, Alain Juppé a estimé que «l’UMP doit changer», appelant à un nouvel accord entre l’UMP et le centre. Ainsi, le parti reviendrait au modèle de l’UMP voulue par Jacques Chirac au lendemain du 21 avril 2002, englobant la droite et le centre pour combattre le FN.
Cette proposition divise à l’UMP. Elle est soutenue notamment par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Pierre Raffarin. Mais elle rend sceptiques les anciennes ministres Rachida Dati ou Valérie Pécresse.
« Je crois à une alliance avec le centre, oui, mais pas à une dilution dans un grand parti de la droite et du centre #UMP — Valérie Pécresse (@vpecresse) 28 Mai 2014 »
Et elle est carrément battue en brèche par les membres les plus à droite de l’UMP, tels Jacques Myard, membre de la «Droite populaire» ou encore Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, les fondateurs du mouvement sarkozyste «Droite forte» au sein de l’UMP.
L’UMP peut-elle faire gagner aux élections sans le centre? Les dernières élections montreraient le contraire. Pour les européennes, l’UMP et les centristes sont partis chacun de leur côté. Avec 20,79 %, l’UMP s’est vue nettement devancée par le FN (24,95 %), alors que les centristes de l’UDI-MoDem ont obtenu 9,90 % des suffrages, ce qui représente une victoire pour eux.
«Mettre le curseur à droite a très bien fonctionné en 2007 pour Sarkozy»
Mais ce score valide-t-il l’obligation d’une alliance entre l’UMP et le centre? Les choses ne sont pas si simples, estime le politologue Laurent Bouvet, professeur de théorie et d’histoire des idées politiques à l’université de Versailles-Saint-Quentin (UVSQ). «A l’UMP, mettre le curseur à droite a très bien fonctionné en 2007 pour Nicolas Sarkozy, et ce, alors même que François Bayrou a fait un excellent score. En 2012, cette stratégie de la droitisation a échoué, mais finalement pas de beaucoup», souligne-t-il.
Mais le risque est que, avec un FN à l’offensive, les électeurs puissent préférer «l’original à la copie». Un autre risque est que le centre redevienne assez fort et reproduise la concurrence entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing [respectivement chefs de la droite et du centre-droit], rappelle le chercheur. Les hypothèses restent donc ouvertes.
«Ne pas confondre mariages d’amour et mariages arrangés»
Du côté des centristes, on apprécie diversement la «main tendue» par l’UMP. Mercredi, le président du MoDem François Bayrou s’est dit «favorable à ce qu’il y ait une droite qui soit à droite et un centre qui soit au centre» sur BFMTV.
« @Le_Figaro @datirachida @alainjuppe Tu as raison Rachida, l’UMP et le Centre sont partenaires mais chacun avec une identité propre #Dati — Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) 28 Mai 2014 »
Le lendemain, l’un des vice-présidents de l’UDI, François Sauvadet, a au contraire accepté cette proposition: «Oui à une plateforme politique», a-t-il lancé. Quant à Chantal Jouanno, également vice-présidente de l’UDI, elle a qualifié ce vendredi sur France Info l’éventualité d’une alliance entre l’UMP et le centre de «bidouillage» et de «petits arrangements internes». Avant de conclure: «Il ne faut pas confondre les amis et les courtisans. Et il ne faut pas confondre les mariages d’amour et les mariages arrangés qui ne sont pas nécessairement fondés sur de vraies valeurs».
Jouanno refuse un "bidouillage" avec l’UMP - France Info