VIDEO. Manuel Valls et son plan d'économies face à une majorité réticente
POLITIQUE•Le Premier ministre rencontre mardi après-midi des députés PS qui lui présenteront des scénarios alternatifs en vue d’économiser 50 milliards d’euros d’ici à 2017…Mathieu Bruckmüller
Arrondir les angles. Ce mardi après-midi à 15h, le Premier ministre va devoir faire œuvre de pédagogie face à la fronde des parlementaires socialistes qui n’ont pas goûté la potion amère du docteur Valls prévoyant 50 milliards d’économies à l’horizon 2017. Et peut-être devra-t-il mettre un peu d’eau dans son vin.
Jeudi dernier, une douzaine de députés PS ont déjà plaidé pour limiter la facture à 35 milliards d’euros. Ils avaient déjà lancé la semaine précédente un appel qui avait rassemblé près d’une centaine de leurs collègues avant le vote de confiance, réclamant un contrat de majorité avec le gouvernement.
Rester dans les clous
Face au risque de fracture au sein d’un Parti socialiste moribond, la députée des Hautes-Alpes, Karine Berger, le rapporteur général du Budget à l’Assemblée, Valérie Rabault, et le patron des députés PS, Bruno Le Roux, vont présenter à Matignon des scénarios alternatifs tout en restant dans les clous des 50 milliards d’euros d’économies du pacte de responsabilité, pour éviter le gel des prestations sociales et du point d’indice des fonctionnaires.
Parmi les scénarios proposés, les députés suggèrent de décaler à 2016 l’application aux grandes entreprises du pacte de responsabilité (3 milliards seraient ainsi dégagés en 2015), de bloquer l’évolution de certaines dépenses fiscales (3 milliards dégagés avec le plafonnement du crédit impôt recherche à son niveau de 2014) ou encore de ramener la réduction de la fiscalité des entreprises de 38 à 33 milliards d’euros.
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«Il faut regarder de façon précise, dans cette période de crise, la situation des plus fragiles. Et là, il doit y avoir des marges de discussion avec le gouvernement», déclare Bruno Le Roux dans un entretien au Monde daté de mercredi. «Tout en gardant les 50 milliards d’économies et l’objectif de passer sous les 3 % du PIB, on peut épargner les plus modestes et dégager un consensus à gauche», renchérit Karine Berger.
Atténuer les critiques
Et in fine atténuer les critiques au sein du PS ainsi et parmi les élus écologistes. Manuel Valls rencontrera également mercredi une délégation des députés radicaux de gauche qui souhaitent une inflexion du plan d’économies sur le gel des petites retraites.
Rassembler une majorité réticente ne sera pas aisé et l’opposition s’engouffre dans la brèche. Pour Rama Yade, vice-présidente de l’UDI, un «véritable vent de fronde» souffle à gauche contre le gouvernement. Sur France 2, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy a estimé que «manifestement, Manuel Valls ne tient pas sa majorité». Sur Twitter, le député UMP Eric Ciotti n’est pas en reste:
« Fronde à gauche, seulement trois semaines après sa nomination #Valls est déjà isolé. Comment gouverner le pays dans de telles conditions? — Eric Ciotti (@ECiotti) April 22, 2014 »
«Une révolution intellectuelle considérable pour la gauche française»
L’ancien ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, reconnaît lui-même que les 50 milliards d’économies programmés pour les trois années à venir sont «une révolution intellectuelle considérable pour la gauche française». Mais selon lui, «le PS est prêt, la France doit y être prête».
Réponse des députés mardi prochain lors du vote à l’Assemblée du pacte présenté par Manuel Valls. Quant aux Français, ils semblent prêts. Un sondage BVA pour iTélé et Le Parisien publié samedi souligne que 50 % des sondés ont été convaincus par les propositions du nouveau Premier ministre pour économiser 50 milliards d’euros sur la période 2015-2017. Mais si la baisse des dépenses maladie, du gel du point d’indice des fonctionnaires et des dépenses de prestations sociales recueillent l’assentiment, les sondés sont en revanche contre le gel des pensions à 69 %.