Annonces de Manuel Valls: «On ne peut pas faire 50 milliards d’économie sans toucher au modèle social»
POLITIQUE•Le député PS Laurent Baumel fait partie de ces élus de la majorité en colère après l'annonce du plan d'économie de Manuel Valls...Enora Ollivier
Dans la majorité, tout le monde n'a pas applaudi des deux mains aux annonces du Premier ministre, qui a détaillé ce mercredi un plan de 50 milliards d'euros d'économie. Le député PS d'Indre-et-Loire Laurent Baumel, un des initiateurs de la fronde réclamant un «contrat de majorité» après la nomination de Manuel Valls à Matignon, explique les raisons de la colère.
Vous ne voterez pas le programme de stabilité, soumis à l’Assemblée le 30 avril?
En l’état actuel, je ne vote pas, mais je ne peux pas me prononcer en avance, il peut y avoir des changements d’ici là. Mais si je dois faire un pronostic, je ne pense pas qu’il y en aura : les 50 milliards d’euros d’économies et les 30 milliards [d’allègements de charges prévus dans le pacte de responsabilité] sont comme sanctuarisés car c’est le Président de la République qui les a annoncés dans sa feuille de route du 14 janvier.
Qu’est ce qui vous ennuie le plus dans le plan annoncé par Manuel Valls ?
Ce qui m’ennuie, c’est qu’on ne puisse pas faire 50 milliards d’économies sans toucher au modèle social. Un exemple: avec le gel du point d’indice des fonctionnaires - qui n’ont pas été augmentés depuis 2010 - on touche aussi les fonctionnaires de catégorie B, qui ne roulent pas sur l’or. Tout ça pour financer quoi? Un pacte de responsabilité dont personne ne sait s’il va créer de l’emploi, ou les dividendes à venir. Ce n’est pas un très bon signal pour un gouvernement de gauche. On n’a pas besoin de 50 milliards d’économies, et si on en fait moins, on n’a pas besoin de toucher aux prestations sociales.
Sur la forme, les annonces du Premier ministre ont aussi surpris. Les députés les ont apprises en direct à la télévision…
Oui, et c’est contradictoire avec ce qui nous avait été dit la semaine dernière. Mais tout ça risque de se heurter à des votes [contre des textes de la majorité] à présent. Là, on touche le fond.
Vous regrettez avoir voté la confiance à Manuel Valls la semaine dernière ?
Non car j’ai voté l’investiture, j’ai voté pour qu’il n’y ait pas de dissolution, j’ai voté pour que la droite ne revienne pas au pouvoir. Si c’était le cas, on n’aurait pas la possibilité de discuter.