Harlem Désir au gouvernement, une «exfiltration» critiquée
REMANIEMENT•Il devrait passer la main à Jean-Christophe Cambadélis pour reprendre la tête du PS...20 Minutes avec AFP
Une exfiltration contestée... Harlem Désir, nommé secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, quitte la tête du PS. Il devrait passer la main à Jean-Christophe Cambadélis, ce qui fait grincer des dents au parti. Devant le Bureau national (exécutif) du parti, Harlem Désir a proposé, pour lui succéder, la candidature de son rival malheureux en 2012 pour prendre la tête du PS.
Un Conseil national (parlement) du parti prévu mardi prochain devra élire le nouveau patron du PS jusqu’au prochain congrès (2015). Une élection, qui, après la campagne pour les élections européennes du 25 mai, devra ensuite obtenir le vote des militants du PS, a annoncé Harlem Désir. Selon plusieurs sources, il pourrait y avoir d’autres candidatures à ce poste.
Un juste milieu entre un soutien au gouvernement et une voix autonome
En 2012, Harlem Désir avait été imposé par quatre ministres poids lourds du gouvernement Ayrault, considéré alors comme une personnalité plus consensuelle que Jean-Christophe Cambadélis.
Alors que le parti a été déserté par nombre de personnalités parties pour l’Assemblée nationale ou le gouvernement, Harlem Désir a hérité d’un PS où il s’est efforcé de trouver le juste milieu entre le soutien au gouvernement et une formation qui puisse imprimer une voix autonome dans les débats politiques en cours, quitte à faire entendre des voix divergentes de l’exécutif.
«Le changement de premier secrétaire appartient aux militants»
Mais au fil des mois, le PS s’est limité principalement à la défense convenue de l’action gouvernementale, reléguant bien loin derrière les débats d’idées et confrontations, tandis que l’exécutif subissait plusieurs échecs à des élections partielles avant la «déroute» des élections municipales.
La fronde à l’encontre de la direction du parti montait particulièrement depuis les municipales, mais Harlem Désir avait écarté il y a quelques jours encore toute idée de démission ou de congrès extraordinaire du PS, comme l’avait demandé le député des Landes Henri Emmanuelli.
Mercredi soir pourtant, Harlem Désir a affirmé qu’il avait «fait savoir à François Hollande» le soir du deuxième tour des municipales qu’il «souhaitait remettre (son) mandat entre les mains des militants». Le bouleversement annoncé à la tête du PS a suscité de vives protestations.
«On a changé de Premier ministre, c’est le pouvoir constitutionnel du président de la République. En revanche, le changement de premier secrétaire appartient aux militants comme le prévoient les statuts, au terme d’un congrès et d’un vote», a souligné Juliette Méadel, secrétaire nationale du PS à l’Industrie.
Un vote pour choisir son successeur?
La sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann, du courant «Maintenant la gauche» a demandé «la mise en œuvre d’une direction collégiale» pour «organiser un scrutin transparent et objectif», et «une date pour le vote des militants», refusant une «prédésignation» de Jean-Christophe Cambadélis.
« J'apprends par ITV que JC Cambadelis remplacerait Harlem Désir a la tête du PS. Eh le premier secrétaire doit être élu par les militants. — MN Lienemann (@mnlienemann) 9 Avril 2014 »
Au-delà, plusieurs représentants socialistes commentaient de façon diverse l’annonce du départ d’Harlem Désir et son remplacement par Jean-Christophe Cambadélis. Pour parer aux critiques, selon lui, Jean-Christophe Cambadélis lui-même a déclaré mercredi soir lors du BN «qu’il ne sera pas premier secrétaire uniquement par le vote du Conseil national».